mardi, 6 mars 2018
L’évolution du concept d’affordance
Chaque concept, modèle, hypothèse ou théorie scientifique a son histoire. Et il n’y a rien de plus fascinant, quand on se met à s’intéresser à une discipline scientifique, que d’essayer de comprendre son évolution dans le temps. Francisco Varela disait (je cite de mémoire…) qu’un scientifique n’est qu’un nœud au sein d’un vaste réseau à travers lequel se concentre, dans un espace-temps particulier, certaines idées. Et dans le meilleur des cas, la convergence dans un cerveau individuel de ces idées qui sont déjà « dans l’air », comme on dit, en ressortira un peu plus élaborée. On parlait la semaine dernière du substrat neuronal de nos souvenirs conceptuels. On va aller cette semaine à l’autre bout des niveaux d’organisation, du côté de la sociologie et de l’histoire des concepts scientifiques. (suite…)
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mardi, 27 février 2018
Les traces neuronales de nos souvenirs conceptuels
Quelle est la trace matérielle de nos souvenirs dans notre cerveau ? Voilà une question qui a fait couler beaucoup d’encre. La réponse dépend du niveau d’organisation que l’on considère. Par exemple, nos connexions nerveuses (ou synapses) sont extrêmement plastiques et dynamiques, il n’y a plus de doute là-dessus. Les travaux de Cirelli et Tononi sur le sommeil ont par exemple montré que durant la journée, nos diverses interactions avec le monde font augmenter non seulement le nombre de récepteurs au glutamate dans les synapses excitatrices du cortex, mais que la surface même du bout de l’axone et de l’épine dendritique qui se font face (mais sans se toucher) augmenterait d’environ 20%. Et l’inverse se produirait durant la nuit, c’est-à-dire une diminution d’environ 20% de la surface synaptique chez pratiquement toutes nos synapses (sauf peut-être celles des souvenirs marquants de la journée qui, elles, ne diminueraient pas, mais ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui… plutôt celui d’un épisode récent de Sur les épaules de Darwin).
Car ce dont je voudrais vous parler dans ce billet, c’est de deux théories un peu rivales qui coexistent depuis plusieurs années en ce qui concerne la trace mnésique à un niveau plus élevé que celui de la synapse, celui de l’assemblée de neurones, pour reprendre l’expression consacrée de Donald Hebb. (suite…)
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mardi, 20 février 2018
On ne peut pas parler de personnalités « cerveau droit » ou « cerveau gauche »
J’ai déjà abordé ici cette idée (malheureusement) fort répandue que certaines personnes seraient plus « cerveau droit » et d’autres « cerveau gauche », les premières étant soi-disant plus créatives et les secondes plus rationnelles. À partir de l’article « An Evaluation of the Left-Brain vs. Right-Brain Hypothesis with Resting State Functional Connectivity Magnetic Resonance Imaging » publié en 2013 dans la revue Plos One, on avait pu constater que ces affirmations n’étaient pas corroborées par cette étude de connectivité cérébrale effectuée sur plus de 1000 individus.
Nous n’avons donc pas plus de voies nerveuses connectées dans un hémisphère que dans l’autre et les deux hémisphères travaillent en étroite collaboration. Ce qui, comme je le rappelais et comme le notent aussi Dave Farina et Joel Frohlich dans leur récent billet « No, You’re Not Left-Brained or Right-Brained », ne veut pas dire que certains réseaux cérébraux ne soient pas plus latéralisés dans un hémisphère que dans l’autre. L’étude de 2013 identifiaient d’ailleurs une vingtaine de ces réseaux dont les principaux « hubs » (ou nœuds) étaient localisés davantage dans un hémisphère que dans l’autre. (suite…)
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mardi, 13 février 2018
Gradients corticaux (bis), hypnose et intelligence artificielle
Comme je vous l’avais promis la semaine dernière, avant de vous parler de deux cours de l’UPop Montréal qui risquent fort d’intéresser les lecteurs et lectrices de ce blogue, je reviens brièvement sur cet article qui vient tout juste de paraître (janvier 2018) dans Trends in Cognitive Sciences (TICS) et qui s’intitule «Large-Scale Gradients in Human Cortical Organization». (suite…)
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mardi, 6 février 2018
Nos réseaux cérébraux s’inscrivent dans un gradient « unimodal – multimodal »
J’aimerais vous parler cette semaine d’un article publié en 2016 dans la revue PNAS parce qu’il fait quelque chose de très précieux en science : montrer la convergence de deux corpus de données en un seul phénomène. Et ce faisant, donner à comprendre certaines choses qui étaient moins claires auparavant. Explications…
L’article écrit par Daniel S. Margulies et ses (nombreux) collègues (ils sont 12 co-auteurs) s’intitule « Situating the default-mode network along a principal gradient of macroscale cortical organization ». Ce titre annonce bien l’essence de leur travail : situer le réseau du mode par défaut à l’intérieur d’un gradient organisationnel à large échelle dans le cortex cérébral. Bon. Ça demande encore quelques clarifications… (suite…)
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