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lundi, 28 octobre 2013
Des dogmes qui tombent


Le mot est peut-être un peu fort, reste que certaines affirmations sur le cerveau ont été faites avec tellement d’autorité, et ce parfois pendant des décennies, que le caractère dogmatique de ces énoncés vient à l’esprit. Mais comme le propre de la science est de tenter d’invalider ses modèles, plusieurs de ces anciens « dogmes » sont tombés depuis les 10 ou 20 dernières années. C’est ce que la troisième séance de « Parlons cerveau IV » va explorer mercredi le 30 octobre prochain dans le cadre de l’UPop Montréal, des conférences libres et gratuites ouvertes à tous et à toutes (voir le premier lien ci-bas pour le lieu et l’heure).

On considérera par exemple ce qu’il faut garder et ce qu’il faut jeter de la «théorie des trois cerveaux de MacLean», un concept issu de la neuro-anatomie des années 1950 qui s’est répandu dans la culture populaire et que nous allons tenter de dépoussiérer. L’amélioration des techniques de marquage des voies neuronales et d’imagerie cérébrale a en effet montré progressivement tout le flou entourant les limites anatomiques du système limbique, par ailleurs relativement peu associé aux émotions. De même, on sait maintenant que les reptiles ont un cortex, ce qui n’est pas sans créer un contresens dans l’expression « cerveau reptilien » supposée être associée à des fonctions de survie beaucoup plus fondamentale que ce qui occupe le cortex.

Il n’en reste pas moins que certaines structures de notre cerveau sont plus anciennes que d’autres, évolutivement parlant, et que les émotions impliquent des circuits relativement primitifs conservés au cours de l’évolution des mammifères. Mais il s’agit alors de circuits neuronaux spécifiques qui forment des « réseaux émotionnels » distincts que l’on ne peut ramener à un grand système, aussi flou soit-il…

L’idée voulant qu’on ne naisse « avec notre stock de neurones et qu’on ne fait qu’en perdre le reste de notre vie » sera aussi infirmée à la lumière des travaux sur la neurogenèse depuis le tournant du XXIe siècle. On sait en effet que de nouveaux neurones se différencie et s’intègre fonctionnellement dans les circuits d’au moins deux régions du cerveau humain adulte, le gyrus dentelé de l’hippocampe et la région située sous la paroi des ventricules latéraux.

Même chose pour la très vieille idée que « les cellules gliales n’assurent qu’un rôle de soutien dans le cerveau ». On sait aujourd’hui que leur rôle est immensément plus complexe que cela, allant de la régulation de l’apport nutritif aux neurones, à la régulation ionique dans l’environnement de la synapse, à un rôle qui se dessine comme étant de plus en plus important dans la communication cérébrale en tant que telle !

Le cœur de la « doctrine du neurone », à la base même de notre conception de la communication neuronale est aussi de plus en plus ébranlé. Le schéma classique où l’influx nerveux circule des dendrites vers le corps cellulaire puis tout au long de l’axone jusqu’à son extrémité (où des neurotransmetteurs sont émis) a de plus en plus d’exceptions : potentiel d’action gradués au lieu de « tout ou rien », influx nerveux circulant dans la direction inverse (« antidromiques »), modulation de l’excitabilité de l’axone, sécrétion de neurotransmetteurs au milieu de l’axone, etc. Bref, un cours où l’on vous invite à laisser vos certitudes avec votre manteau au vestiaire…

i_lien Parlons cerveau IV
i_lien 6 iconoclastic discoveries about the brain
i_lien Exploring Glial Cells with R. Douglas Fields (BSP 69)

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