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mardi, 27 septembre 2011
Radicaux libres et vieillissement : plus compliqué qu’on pensait

Il y a environ un an, les médias ont fait grand cas des travaux du Dr. Siegfried Hekimi et de ses collègues de l’Université McGill à Montréal qui venait de montrer que les antioxydants, largement consommés comme suppléments alimentaires pour lutter contre les effets dommageables des radicaux libres, non seulement ne ralentissaient pas le vieillissement, mais au contraire pourraient l’accélérer !

Encore plus incroyable : quand son modèle animal, un petit vers, était mis en contact avec un herbicide toxique pour les humains générant beaucoup de radicaux libres, il vivait 60% plus longtemps que les autres !

Il faut comprendre que la théorie du vieillissement par les radicaux libres, proposé par Denham Harman en 1954, a recueilli depuis un demi-siècle de nombreux résultats expérimentaux en sa faveur. Si bien qu’elle est incontournable non seulement pour expliquer le vieillissement, mais aussi des maladies neurodégénératives comme l’Alzheimer.

Cette théorie s’appuie sur le fait que certaines de nos réactions biochimiques rendent des molécules d’oxygènes très réactives. Celles-ci endommagent alors nos protéines, notre ADN et nos membranes, ce qui, affirme la théorie, accélère le vieillissement. D’ailleurs, nos cellules ont un mécanisme de défense naturel contre ces radicaux libres (un antioxydant endogène, en quelque sorte) : l’enzyme superoxide dismutase (SOD) qui les neutralise. Et chaque fois que l’on a réussi à désactiver cet enzyme, que ce soit chez de simples levures, chez la mouche ou chez la souris, ces organismes ont développé des cancers et sont morts plus jeunes.

Mais pas les petits vers Caenorhabditis elegans du Dr. Hekimi qui, eux, ont vécu aussi vieux ou même 30% plus vieux que les vers normaux ! Dans le premier cas, quatre des cinq gènes SOD du vers avaient été désactivés, et un seul dans le second cas. C’est d’ailleurs une critique qui lui fut adressée quand à la portée de ses travaux chez notre espèce: alors que C. elegans possède cinq gènes SOD, l’humain n’en a que deux. Dans quels tissus et compartiments cellulaires sont exprimés ces trois gènes supplémentaires ? Voilà une question à répondre pour mieux comprendre les effets surprenants de leur suppression.

Effets surprenants au niveau de la longévité, mais qui ne semblent pas remettre en cause la toxicité des radicaux libres puisque ces vers montraient des signes de stress oxydatif qui les auraient possiblement rendus vulnérables aux maladies ou au cancer en dehors du laboratoire.

Hekimi pense néanmoins que ses résultats incitent à reconsidérer les liens entre les radicaux libres et les altérations cellulaires croissantes observées avec le vieillissement. Pour lui, ses vers déficients en SOD pourraient par exemple subir des dommages accrus aux mitochondries qui fourniraient alors moins d’énergie à la cellule, ce qui ralentirait le métabolisme. Or une théorie alternative au vieillissement, ayant reçu aussi un certain nombre de résultats expérimentaux en sa faveur, postule qu’un ralentissement du métabolisme est associé à une plus grande longévité…

Bref, rien n’est simple sur ce qu’est le vieillissement et sur ce qui le cause. Il devient toutefois hasardeux de présenter la prise régulière de suppléments d’antioxydants comme une fontaine de jouvence, d’autant plus qu’ils n’ont jamais prouvé clairement un effet bénéfique sur la longévité. Alors que l’on sait que les gens qui se contentent de manger régulièrement des fruits et des légumes sont en meilleure santé que ceux qui n’en consomment pas. Il est vrai que fruits et légumes contiennent des antioxydants, mais surtout de nombreuses vitamines, fibres, etc. qui ont des effets variés et bénéfiques globaux sur la santé.

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Le corps en mouvement | Comments Closed


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