lundi, 22 août 2016
La cognition incarnée : un cours à l’UQAM et sur ce blogue cet automne
J’avais déjà mentionné ici il y a deux mois que je donnerai cet automne à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) un cours sur la « cognition incarnée », c’est-à-dire le rapport de la cognition avec non seulement son substrat neuronal, mais également avec le reste du corps ainsi que l’environnement dans lequel ce corps-cerveau évolue.
Si je vous en reparle aujourd’hui, c’est parce que j’ai décidé d’utiliser ce cours pour faire quelque chose d’un peu différent sur ce blogue durant la session d’automne : essayer de vous résumer le lundi le cours que je vais donner deux jours plus tard le mercredi soir de 18 à 21h ! L’idée étant de rendre accessible aux gens loin de Montréal ce parcours auquel je consacrerai la majorité de mon temps cet automne. Et aussi, question de joindre l’utile à l’agréable, de me sauver du travail en m’évitant de faire des recherches supplémentaires sur d’autres sujets pour mes billets de blogue hebdomadaires… 😉
Je reproduis ci-dessous la présentation du cours que j’ai écrite sur le site de l’UQAM pour pouvoir y ajouter des hyperliens vers des pages de mon site explicitant quelques notions clés (le cours s’inscrit dans le cadre du Séminaire d’introduction aux sciences cognitives: éléments et méthodologies (ISC8001)).
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Si depuis les années 1950 des disciplines comme la psychologie, la linguistique et l’informatique ont été au coeur des sciences cognitives, les neurosciences ont pris une place de plus en plus prépondérante depuis deux décennies. Parallèlement, les critiques des modèles cognitivistes et connexionnistes ont débouché sur des approches dites « incarnées » de la cognition qui s’éloignent du cadre théorique traditionnel centré sur les représentations.
La cognition incarnée se tourne plutôt résolument vers l’action, vers un savoir-faire impliquant le corps entier et ses incessantes interactions avec son environnement. Ce cours essaiera de montrer qu’une part importante de notre machinerie mentale n’a pas été sélectionnée pour jouer aux échecs ou pour faire de la philosophie, mais bien pour décider rapidement s’il vaut mieux passer à droite ou à gauche de ce rocher pour fuir un prédateur ou attraper une proie…
Une présentation de cette configuration plus récente des sciences cognitives ne peut donc pas faire l’économie d’une forte perspective évolutive. Nos capacités cognitives sont en effet le fruit d’une longue évolution conservatrice et bricoleuse, et il ne sera pas inutile de retourner aux origines de la vie et des systèmes nerveux pour mieux en distinguer les finalités proximales et ultimes. L’idée de « recyclage neuronale » reviendra aussi constamment, permettant par exemple de relier l’orientation spatiale à la mémoire déclarative. Ce concept est aussi au cœur de ce qu’on appelle la linguistique cognitive, un courant de la linguistique qui sera aussi abordé.
Du côté des neurosciences, les projets de « connectome » qui ont vu le jour à différentes échelles depuis une quinzaine d’années se heurtent à des problèmes méthodologiques et épistémologiques que nous tenterons de discerner. Cela nous ramènera vers la question de la spécialisation fonctionnelle des aires cérébrales et, pour paraphraser le titre d’un ouvrage récent, à nous demander ce qu’il pourrait y avoir « après la phrénologie ».
Pour ce faire, il nous faudra considérer un certain nombre de renversements conceptuels, notamment le passage d’une vision passive du cerveau à une vision active. On commence en effet à mieux saisir le rôle de l’activité endogène du cerveau avec ses oscillations et synchronisations d’activité. C’est cette activité dynamique qui rend possible l’émergence des réseaux neuronaux transitoires et distribués associés à la moindre tâche cognitive. En d’autres termes, le « top down » devient tout aussi important que le « bottom up », comme en fait foi l’effervescence actuelle autour des hypothèses basées sur le codage prédictif.
Celles-ci sont d’autant plus intéressantes qu’elles s’avèrent compatibles avec les approches incarnées ou, comme on les surnomme parfois en anglais, les « 4E » (embodied, embedded, extended and enacted cognition). La forme particulière de l’énaction au sein de cette constellation nous ramènera à nos préoccupations premières, à savoir le substrat biologique de nos choix comportementaux de tous les jours, fortement influencés par les occasions d’agir (ou « affordances ») de notre environnement et par tous les autres grands systèmes biologiques internes d’un organisme, notamment hormonal et immunitaire.
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Je commence l’expérience lundi prochain en vous présentant le plan de la session que j’ai concocté cet été en m’inspirant de mon travail pour les « Écoles des profs » : 42 heures de pur plaisir, de l’autopoïèse aux affordances sociales en passant par le connectome et les oscillations cérébrales ! ;-P
Donc on se reparle de tout ça très bientôt, par blogue interposé ou en personne…
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