lundi, 6 juillet 2015
Notre cerveau peut faire disparaître des objets immobiles
En explorant le « site du mois » du site de référence Neuroscience for Kids (voir le 1er lien ci-bas), je tombe sur une illusion qui me laisse toujours incrédule chaque fois que je la vois. Je la connaissais plus sous la version présentée dans un billet du blogue de Deric Bownds (voir le 2e lien ci-bas), mais celle du site Brain Games du National Geographic bien que légèrement différente, fonctionne tout aussi bien et nous laisse tout aussi perplexe.
Dans les deux cas, on a des motifs qui bougent assez rapidement en toile de fond, et l’on doit fixer l’un des 3-4 petits objets immobiles que l’on voit sur l’écran. Au bout de quelques secondes de fixation, les autres petits objets se mettent à disparaître et à réapparaître de façon tout à fait aléatoire ! Ils sont toujours là, ils « s’impriment » toujours sur notre rétine, mais leur perception consciente au niveau du cerveau s’estompe complètement pendant de courts instants.
Ce phénomène étrange est souvent évoqué, comme dans le billet de Bownds ainsi que dans cette présentation sur nos « fonctions supérieures », comme une preuve qu’en certaines occasions nous pouvons porter notre attention sur quelque chose tout en ne percevant pas cette chose consciemment. Il existe en effet tout un débat, évoqué dans cette même présentation (p.63 à 65) quant au rapport entre attention et conscience. Pour certains scientifiques, c’est pratiquement la même chose, alors que d’autres amènent des données qui semblent montrer qu’il s’agit de deux phénomènes distincts.
Dans le cas de cette illusion, je ne sais pas si l’on peut véritablement dire qu’elle appuie une distinction entre les deux puisque les points qui disparaissent et celui que l’on fixe ne sont pas les mêmes. Ils sont tout près, mais ceux qui disparaissent se retrouvent sans doute plus dans notre vision périphérique. En tout cas, l’explication donnée par Brian Scholl à la fin du vidéo du site du National Geographic se rapproche davantage de celle d’un autre phénomène bien connu, le point aveugle.
Scholl rappelle que les photorécepteurs de notre rétine sont situés tout au fond du globe oculaire, et que les autres couches de cellules nerveuses de la rétine ainsi que leur axone se retrouvent donc devant les photorécepteurs. De sorte que lorsque ces axones se regroupent pour former le nerf optique et sortent du globe oculaire, il ne peut y avoir de photorécepteurs à cet endroit. Qu’arrive-t-il alors de notre perception visuelle à cet endroit ? Est-ce que l’on voit un « trou » ou un point noir dans notre champ visuel ? Pas du tout. Notre cerveau « bouche le trou » avec l’information visuelle qu’il y a autour, de sorte que l’on ne perçoit pas consciemment notre point aveugle !
Et selon Scholl, c’est un peu la même chose avec les points immobiles dans notre illusion. Le fond qui est animé de nombreux mouvements simule une scène visuelle classique où beaucoup de choses bougent dans notre environnement. Les points qui ne bougent jamais sont pour leur part considérés par notre cerveau comme quelque chose qui doit alors forcément être situé dans notre globe oculaire, puisqu’ils ne bougent pas par rapport à la scène visuelle. Et comme pour le point de passage du nerf optique (le point aveugle) qui ne bouge pas non plus, notre cerveau « « décide » » (notez les doubles guillemets… 😉 ) de ne pas nous faire percevoir consciemment ce qu’il considère comme un artéfact ne faisant pas partie du monde extérieur.
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