lundi, 27 septembre 2021
À quel moment un ensemble de données devient-ils assez certain pour modifier nos pratiques ?
Aujourd’hui j’aimerais réfléchir avec vous sur la drôle de question qui titre ce billet. Elle m’est venue en voyant passer cet article intitulé L’activité physique est bonne pour la santé mentale des garçons lors de ma revue de presse matinale aujourd’hui. Mon réflexe a été de ne même pas l’ouvrir et de passer à d’autres articles. Un peu comme si le titre avait été « Une étude montre que la Terre est ronde » ! Dans le sens où je me suis dit que l’accumulation des données montrant toujours des effets bénéfiques de l’activité physique sur le corps et le cerveau était telle, que ça ne valait pas la peine de perdre du temps pour lire pour la millième fois la même conclusion. J’en ai d’ailleurs très souvent parlé dans ce blogue, comme en 2013, en 2016, en 2020 ou encore en juin dernier.
Même chose, mais dans l’autre sens, pour cet autre article du même portail de Radio-Canada montrant à quel point les tablettes et autres écrans sont mauvais pour tous les aspects du développement psychomoteur. Comme le rappelle l’article :
« les écrans nuisent à la vue, au sommeil, au poids et aux habiletés langagières. Ils augmentent le risque de développer une dépendance, de l’anxiété et une mauvaise estime de soi. Par ailleurs, les écrans modifient le cerveau, produisent de la dopamine et surstimulent les enfants, qui, une fois en classe, ne savent plus comment se satisfaire. »
Pour résumer la chose dans une perspective évolutive, toujours la meilleure pour nous permettre de comprendre le pourquoi des phénomènes qui nous animent, on a tout simplement affaire à l’un des plus terrible suprastimulus qui emballe complètement nos prédispositions au conditionnement opérant. Autrement dit, notre circuit de la récompense, calibré pour renforcer peut-être quoi, trois ou quatre bons coups par jour, est mis devant une machine où l’on peut faire dix ou vingt actions à la MINUTES qui, tantôt pour avoir marqué des points en trouvant un trésor ou en tuant un méchant, tantôt pour avoir découvert un nouveau « like » ou une nouvelle vidéo, va être complètement surstimulé. Pas étonnant que les jeune deviennent complètement accrocs à leurs écrans ou à leur téléphone.
Et pendant ce temps-là, ils ne bougent évidemment pas. D’où l’intérêt de mettre ces deux nouvelles en opposition et de se demander, si le développement et la santé présente et future de nos jeunes nous tient à cœur, pourquoi nous, adultes, hésiterions-nous à bannir dès le plus jeune âge l’usage des écrans et à offrir le maximum d’occasions à nos jeunes d’aller bouger dehors plusieurs fois par jour ? Pour répondre à ma question de départ, il semble que le temps est peut-être enfin venu de reconnaître collectivement qu’il est aussi déplacé de laisser nos enfants des heures sur leur tablette et de ne pas les amener jouer dehors que de clamer que la Terre est plate…
Cet exemple extrême peut faire sourire. Mais d’autre prises de conscience sont en marche, de plus en plus certaines, et pourtant pas encore « passées dans les mœurs », si l’on peut dire. La pandémie de Covid-19 nous offre bien des exemples à ce niveau. On n’a qu’à penser au mode de transmission de ce coronavirus, d’abord reconnu comme se faisant beaucoup par les surfaces jusqu’à ce qu’on se rende rapidement compte qu’il se propageait surtout par aérosols, donc des particules qui peuvent rester de longues minutes, voire des heures, en suspension dans une salle mal aérée. D’où l’adoption du masque, après les tergiversations initiales de la santé publique. Et d’où malheureusement encore beaucoup d’hésitations à s’attaquer de front à ce problème d’une saine aération, en particulier dans les écoles.
Deux autres exemples, toujours autour de la Covid, où nous sommes encore plus loin, collectivement, d’avoir tiré toutes les conséquences de données de plus en plus certaines. Les premières sont à l’effet que le calcul des coûts / bénéfices plaide contre la vaccination des enfants; et le second que les vacciné.es peuvent aussi transmettre la Covid. Beaucoup d’études des derniers mois vont en tout cas en ce sens, comme celles rapportées ici ou là, avec des charges virales comparables souvent trouvées chez le vacciné.es et les non vacciné.es infectés. Certains soulignent même qu’avec moins de symptômes (qui est tout de même un effet positif des vaccins), les vaccinés infectés s’isolent moins et pourraient ainsi transmettre davantage le virus.
Tout cela dans un contexte où nos « décideurs » nous imposent des passeports vaccinaux et se préparent pour la vaccination des enfants. Inutile de dire que le décalage entre ces politiques sanitaires et les données disponibles semble suffisamment grand ici pour réorienter rapidement le discours et les pratiques.
Dormir, rêver... | Comments Closed