mardi, 20 mars 2018
Un pickpocket au service de la science de l’attention
La semaine dernière, je donnais un cours sur les «fonctions supérieures» et comme à chaque fois où j’aborde l’attention et son contrôle, je montrais des extraits vidéos d’Apollo Robbins, ce pickpocket professionnel considéré par plusieurs comme le meilleur au monde. Et en particulier celui produit par Scientific American, « Neuroscience Meets Magic », où l’on voit justement des scientifiques qui travaillent sur l’attention analyser le moindre de ses gestes et évoquer les grands principes attentionnels qu’il manipule (bottom up, top down, « frame of attention », « misdirection », etc.). (suite…)
Au coeur de la mémoire | Comments Closed
mardi, 13 mars 2018
La biologie cérébrale a son mot à dire dans nos allégeances politiques
Un peu plus d’un an après l’élection de Donald Trump aux États-Unis et ses prises de positions souvent plus conservatrices que celle de son propre parti notamment sur l’immigration, et quelques jours après l’élection de Doug Ford à la tête du parti « progressiste » conservateur de l’Ontario, au Canada (une course à la chefferie où même le droit à l’avortement a été remis en question), je découvre le livre de John Bargh « Before You Know It: The Unconscious Reasons We Do What We Do », publié l’automne dernier.
Bargh est l’un des psychologues qui a grandement contribué à mettre en évidence l’importance insoupçonnée des mécanismes inconscients qui gouvernent nos comportements conscients. Ceux-ci, souvent bien enrobés de justifications apparemment rationnelles et logiques, dépendraient plus qu’on ne le pense d’instincts ayant rapport à la survie de l’organisme, comme la peur qui permet d’éviter les dangers. Des motivations évolutivement très anciennes et donc profondément enfouies en nous, mais qui pourraient influencer des comportements plus « modernes » comme nos allégeances politiques.
Or s’il est une corrélation bien établie dans ce domaine, c’est bien justement entre la peur et le fait de voter conservateur ! (suite…)
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mardi, 6 mars 2018
L’évolution du concept d’affordance
Chaque concept, modèle, hypothèse ou théorie scientifique a son histoire. Et il n’y a rien de plus fascinant, quand on se met à s’intéresser à une discipline scientifique, que d’essayer de comprendre son évolution dans le temps. Francisco Varela disait (je cite de mémoire…) qu’un scientifique n’est qu’un nœud au sein d’un vaste réseau à travers lequel se concentre, dans un espace-temps particulier, certaines idées. Et dans le meilleur des cas, la convergence dans un cerveau individuel de ces idées qui sont déjà « dans l’air », comme on dit, en ressortira un peu plus élaborée. On parlait la semaine dernière du substrat neuronal de nos souvenirs conceptuels. On va aller cette semaine à l’autre bout des niveaux d’organisation, du côté de la sociologie et de l’histoire des concepts scientifiques. (suite…)
Dormir, rêver... | Comments Closed
mardi, 27 février 2018
Les traces neuronales de nos souvenirs conceptuels
Quelle est la trace matérielle de nos souvenirs dans notre cerveau ? Voilà une question qui a fait couler beaucoup d’encre. La réponse dépend du niveau d’organisation que l’on considère. Par exemple, nos connexions nerveuses (ou synapses) sont extrêmement plastiques et dynamiques, il n’y a plus de doute là-dessus. Les travaux de Cirelli et Tononi sur le sommeil ont par exemple montré que durant la journée, nos diverses interactions avec le monde font augmenter non seulement le nombre de récepteurs au glutamate dans les synapses excitatrices du cortex, mais que la surface même du bout de l’axone et de l’épine dendritique qui se font face (mais sans se toucher) augmenterait d’environ 20%. Et l’inverse se produirait durant la nuit, c’est-à-dire une diminution d’environ 20% de la surface synaptique chez pratiquement toutes nos synapses (sauf peut-être celles des souvenirs marquants de la journée qui, elles, ne diminueraient pas, mais ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui… plutôt celui d’un épisode récent de Sur les épaules de Darwin).
Car ce dont je voudrais vous parler dans ce billet, c’est de deux théories un peu rivales qui coexistent depuis plusieurs années en ce qui concerne la trace mnésique à un niveau plus élevé que celui de la synapse, celui de l’assemblée de neurones, pour reprendre l’expression consacrée de Donald Hebb. (suite…)
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mardi, 20 février 2018
On ne peut pas parler de personnalités « cerveau droit » ou « cerveau gauche »
J’ai déjà abordé ici cette idée (malheureusement) fort répandue que certaines personnes seraient plus « cerveau droit » et d’autres « cerveau gauche », les premières étant soi-disant plus créatives et les secondes plus rationnelles. À partir de l’article « An Evaluation of the Left-Brain vs. Right-Brain Hypothesis with Resting State Functional Connectivity Magnetic Resonance Imaging » publié en 2013 dans la revue Plos One, on avait pu constater que ces affirmations n’étaient pas corroborées par cette étude de connectivité cérébrale effectuée sur plus de 1000 individus.
Nous n’avons donc pas plus de voies nerveuses connectées dans un hémisphère que dans l’autre et les deux hémisphères travaillent en étroite collaboration. Ce qui, comme je le rappelais et comme le notent aussi Dave Farina et Joel Frohlich dans leur récent billet « No, You’re Not Left-Brained or Right-Brained », ne veut pas dire que certains réseaux cérébraux ne soient pas plus latéralisés dans un hémisphère que dans l’autre. L’étude de 2013 identifiaient d’ailleurs une vingtaine de ces réseaux dont les principaux « hubs » (ou nœuds) étaient localisés davantage dans un hémisphère que dans l’autre. (suite…)
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