mardi, 3 avril 2018
Des liens entre ce blogue, l’intelligence artificielle, l’hypnose, vos téléphones intelligents et les moustiques !
« Ce qui m’apparaît manquer à l’enseignement, primaire comme secondaire, ce n’est pas le contenu (il en regorge!), mais la structure, c’est-à-dire les relations qui existent entre les éléments de ce contenu.
Il n’est pas utile d’apprendre le plus de choses possible si l’on ne sait pas comment elles sont reliées entre elles, des mathématiques à Victor Hugo.»
– Henri Laborit
Cette insistance de Laborit sur l’importance de faire des liens est, vous le savez, au cœur même du projet du Cerveau à tous les niveaux. J’ai personnellement une dette intellectuelle importante envers ce monsieur que j’essaie de rembourser tant bien que mal. Et le billet d’aujourd’hui va explicitement en ce sens, quoique de manière ludique et un peu télégraphique, comme vous allez le constater…
En commençant en faisant un lien avec ce projet, puisqu’on en parle ! Parce que le blogue du Cerveau à tous les niveaux ne peut exister que grâce à la générosité de ses lecteurs et lectrices, je me retrouve une fois de plus comme à chaque année à cette période mémorable (où, sous le gouvernement du parti Conservateur du Canada, je perdis mon financement…), dans l’inconfortable posture de solliciteur de contributions volontaires. Mais au fond ce n’est qu’un rappel car bon an mal an, comme je l’écrivais l’année dernière, « vos généreux dons faits sur le site m’ont apporté près de 2000$ les six derniers mois, ce qui m’a permis d’être rémunéré pour écrire mon billet de blogue hebdomadaire. Je vous remercie donc encore une fois infiniment pour ce soutien financier en plus des bons mots qui me parviennent régulièrement. » (je n’ai pas encore eu le temps de mettre à jour le thermomètre de dons ci-contre, mais ça ne saurait tarder…).
À cette même période l’an dernier (remarquez le lien subtil), je présentais une série de 3 cours à l’UPop Montréal intitulé « Pourquoi le cerveau a besoin du corps et de l’environnement pour penser ». Ayant la chance de faire partie de ce collectif de bénévoles qui organise depuis 8 ans des cours gratuits dans les bars et les cafés de Montréal, je me suis commis également cette année, quoique dans une moindre mesure, dans le cadre du cours « La nouvelle vague de l’intelligence artificielle » où j’aurai le plaisir de partager la scène de Ma Brasserie lundi prochain le 9 avril avec Guillaume Chicoisne, directeur des programmes scientifiques à IVADO et collègue de Joshua Bengio (scientifique de l’année de Radio-Canada), qui parlera des réseaux de neurones virtuels et moi des bien réels dans votre cerveau.
Et tant qu’à parler de l’UPop (autre lien, évident celui-là), je ne peux passer sous silence un autre excellent cours qui débute demain soir, celui-là au bar la Station Ho.st, et qui portera sur un sujet qui capte l’attention : l’hypnose… Il sera donné par Mathieu Landry, doctorant en neurosciences à l’Université McGill et spécialiste des neurosciences de l’hypnose, et Michel Landry, psychologue clinicien en pratique privée à Montréal et président sortant (2005-2015) de la Société québécoise d’hypnose. Au menu de cette première séance de quatre : « Une introduction aux phénomènes hypnotiques. Description de l’hypnose. Notions de base pour comprendre les phénomènes hypnotiques, tels que l’induction et la suggestion. Revue des mythes tenaces et les raisons pour lesquels ils sont inexacts. »
C’est pas que je veux à tout prix faire des liens ( !), mais j’ai connu Guillaume et Mathieu en gravitant autour de (lire squattant) certaines activités de l’Institut des sciences cognitives de l’UQAM, tout comme Martin Gibert d’ailleurs qui offrira en tant que philosophe la dernière séance du cours sur l’IA sur les implications éthiques de ces technologies. Ou encore comme Maxwell Ramstead, dont je parlais d’un article sur les affordances co-écrit entre autre avec son collègue de McGill Samuel Veissière, dont une autre étude circule pas mal sur les médias sociaux depuis quelques semaines (vous en vouliez des liens, en v’là !).
Écrit en collaboration avec sa collègue Moriah Stendel, l’article de Veissière paru dans Frontiers in Psychology en février dernier s’intitule : Hypernatural Monitoring: A Social Rehearsal Account of Smartphone Addiction et l’essentiel en est repris dans un communiqué grand public qui a pour titre « We’re not addicted to smartphones, we’re addicted to social interaction ». Les auteurs ont parcouru la littérature sur la dépendance aux téléphones intelligents avec une perspective évolutive et en sont venus à la conclusion que les fonctions les plus addictives de ces appareils ont à voir avec l’intarissable désir des êtres humains d’entrer en contact avec les autres, d’exister à leurs yeux. Un besoin qui, selon eux, s’enracine dans les racines évolutives profondes de notre espèce si sociale où l’approbation d’autrui et le sentiment d’appartenance à un groupe est très présent. Mais c’est le degré et la vitesse inégalée de monitoring de ces liens sociaux qui devient parfois néfaste pour notre cerveau et bien souvent pour nos relations avec… nos proches bien réels ! D’où l’idée, sachant cela, d’établir des balises claires de leur utilisation, un peu comme on essaie de se contrôler par rapport à notre « dent sucrée », elle aussi héritée d’ailleurs de notre longue évolution au sein de ressources alimentaires restreintes en calories.
Et pour faire un dernier lien en terminant, cette ressource alimentaire, ce peut aussi être vous et moi pour le moustique dont le cerveau est à l’honneur dans le dernier « Site of the Month » du site web Neuroscience for Kids ! Un site qui avait d’ailleurs été (dernier lien, promis…) une source d’inspiration pour moi quand j’ai commencé à murir le projet du Cerveau à tous les niveaux au tournant du millénaire… Comme quoi tout est bel et bien lié ! C.Q.F.D.
Au coeur de la mémoire | Comments Closed