mardi, 19 décembre 2017
Expliquer la science non pas à trois niveaux de difficulté mais à cinq !
Pour enchaîner avec le billet de la semaine dernière où, parmi les nombreux délires géniaux de Tim Blais, il y en avait un sur « CRISPR-Cas9, je voudrais cette semaine attirer votre attention sur une autre série de vidéos dont un épisode est lui aussi consacré à cette technique révolutionnaire d’édition du matériel génétique.
L’idée de cette série diffusée par le magazine américain Wired depuis quelques mois est de faire expliquer un concept scientifique complexe par un spécialiste du domaine à cinq personnes différentes, de l’enfant de cinq ans au collègue expert lui aussi dans le domaine, en passant par l’adolescent, l’étudiant.e du collège et l’étudiant.e gradué.e ! On assiste donc à la même explication cinq fois, de la plus simple possible avec l’enfant à l’échange de haut niveau avec le collègue expert. Voilà donc une approche pédagogique fort originale qu’on ne voit pas souvent, à part parfois sur certains sites web où l’on a accès à un deuxième niveau d’explication plus avancé, et plus rarement encore sur un certain site de vulgarisation des neurosciences où l’on a trois niveaux de d’explication ainsi que cinq niveaux d’organisation… (décidément, il avait une fixation sur les niveaux celui-là… trop lu de Laborit dans sa jeunesse probablement… ;-P ).
Vous comprendrez donc pourquoi je ne pouvais pas ne pas vous parler de cette série ! D’autant plus qu’il y a un épisode sur un domaine de recherche des neurosciences dont j’ai déjà parlé sur ce blogue et que je présente aussi dans certaines conférences, celui du connectome.
Comme l’explique Bobby Kasthuri, le chercheur invité dans cet épisode, plusieurs laboratoires dans le monde s’emploient, avec toutes sortes de techniques, à cartographier les connexions que font les neurones du cerveau humain avec une précision allant jusqu’au niveau des synapses individuelles. Mais comme le cerveau possède environ 86 milliards de neurones qui peuvent recevoir plusieurs milliers de connexions synaptiques d’autres neurones, la tâche est extrêmement difficile, pour dire le moins… En fait, en considérant la grande plasticité du cerveau et sa capacité à former de nouvelles connexions nerveuses durant toute notre vie, une version forte du concept de connectome est pratiquement impensable. Sauf que, un peu comme la carte du génome humain qui ne nous a pas révélé tous les mystères des maladies génétiques mais dont on ne saurait se passer aujourd’hui pour poser de nouvelles questions, une connaissance de plus en plus précise du connectome humain ne pourra que nous aider à mieux comprendre le fonctionnement du cerveau et, peut-être, de certains troubles mentaux.
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Parlant des troubles mentaux, je retombe sur cet article publié dans le magazine Psychology Today il y a un peu plus d’un an et intitulé « Preventing Alzheimer’s Disease Is Easier Than You Think ». Georgia Ede y rappelle que l’Alzheimer, bien que pouvant avoir une composante génétique, peut aussi être influencé par l’environnement, en particulier la nourriture. Et la substance qui est de plus en plus pointée du doigt comme favorisant le développement de l’Alzheimer est le sucre. Pas tant le fructose de la pomme ou de la banane que vous mangez en collation, mais tous ces sucres libres que l’on retrouve en quantité hallucinante dans beaucoup d’aliments transformés et de boissons commerciales.
Car notre « dent sucrée », héritée d’une époque où les sucres des fruits étaient synonymes de calories toujours difficiles à trouver, nous pousse aujourd’hui à consommer de façon quasi compulsive les gâteaux au chocolat et autres desserts avec des niveaux de sucre hyper-élevés pour notre organisme. En réaction, celui-ci développe ce qu’on appelle une « résistance à l’insuline », cette hormone sécrétée pour aider les cellules de notre foie et de nos muscles à absorber ce sucre en excès dans notre circulation sanguine. Résultat, on accumule trop de sucre dans le sang et l’on peut alors développer un diabète avec tous les problèmes que cela peut amener dont de l’inflammation chronique un peu partout dans le corps. Et, comme de plus en plus d’études le démontrent maintenant, la résistance à l’insuline contribuerait au développement de l’Alzheimer.
Donc au vieux conseil du jour de l’an de « ne pas manger trop salé » on peut ajouter celui de « ne pas manger trop sucré » ! Et si je parle du temps des Fêtes en terminant ce billet c’est simplement pour vous en souhaiter un bon car je prends un deux semaines « off » pour aller bouger dehors, voir des ami.es, faire tomber le petit stress accumulé, etc. Bref, tout ce que nous conseille de faire l’épigénétique aujourd’hui, comme l’explique superbement en trois minutes Joël de Rosnay dans cette vidéo que je vous offre comme cadeau de Noël ! Et pas besoin de me remercier : c’est le genre de cadeau « beau, bon, pas cher » que j’adore offrir… 😉
Le corps en mouvement | Comments Closed