lundi, 12 janvier 2015
Magie, cellules gliales, IRM de diffusion et autonomie du vivant
Cette semaine, une « macédoine » de liens divers qui auraient tous pu faire l’objet d’un billet. Mais comme j’accumule plus de liens que je ne suis capable de sortir de billets, je me contente de vous en signaler brièvement plusieurs cette semaine, me disant que c’est encore mieux que de ne pas en parler du tout ! (tous les liens mentionnés sont au bas du billet)
D’abord une annonce à propos d’un événement sur la magie et les sciences cognitives qui aura lieu ce vendredi le 16 janvier 2015 à 13h à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), local W-5215. Dans le cadre du groupe de lecture informel Crisco, Jay Olson, du département de psychiatrie de l’université McGill, viendra expliquer comment la magie peut devenir un outil de choix pour aider les psychologues à disséquer certains processus mentaux comme l’attention, la prise de décision, etc. Et comme Olson est lui-même magicien, il exécutera certains tours durant la présentation.
Continuons sur le thème des présentations publiques avec celles que j’ai données l’automne dernier dans le cadre de l’École des profs du cégep de Sherbrooke. À cette occasion, alors que je montrais les images spectaculaires que permet d’obtenir l’IRM de diffusion, quelqu’un a fait remarquer qu’ici même, à l’Université de Sherbrooke, un informaticien (Maxime Descoteaux) et un neurochirurgien (David Fortin) avaient raffiné cette technique d’imagerie médicale afin d’accroître la précision d’interventions chirurgicales au cerveau. Chaque cerveau étant différent dans le détail de ses voies neuronales, et chaque tumeur cérébrale étant aussi unique, la visualisation de celle-ci avec l’IRM de diffusion avant l’opération permet de mieux la localiser. On parvient ainsi à faire des ablations chirurgicales complètes de tumeurs en affectant le moins possible les faisceaux de neurones avoisinants lors de l’opération.
Toujours en lien avec les présentations que j’offre sur le cerveau (en particulier dans les cégeps dont je sais que les cours recommencent bientôt…), l’un de mes « cheval de bataille », si l’on peut dire, est de mieux faire connaître ces éternelles oubliées que sont les cellules gliales. Tout simplement parce que de l’avis de plusieurs, on découvre tellement de façon dont ces cellules aussi nombreuses que les neurones influencent ces derniers qu’on ne peut plus prétendre comprendre des mécanismes comme l’apprentissage et la mémoire sans s’intéresser à la contribution de certaines cellules gliales. Et c’est ce qu’une nouvelle étude, publiée dans la revue Plos One en novembre dernier, vient montrer encore une fois. Dans ce cas-ci, ce sont des cellules gliales précurseurs des oligodendrocytes (qui se maintiendraient dans cet état durant toute notre vie et constitueraient 5 à 8% des cellules dans toutes les régions du cerveau !), qui seraient en cause. Elles réagiraient à l’activité des neurones environnants par l’activation d’un enzyme qui libérerait un fragment de protéine situé sur la surface extérieure des précurseurs des oligodendrocytes. Ces fragment vont ensuite influencer la plasticité des connexions synaptiques de ces mêmes neurones, créant ainsi une boucle de rétroaction dont l’interruption a des effets jusqu’au comportement de l’animal.
Rapidement, pour terminer, deux événements auxquels j’aurais bien assisté s’il n’y avait pas eu l’océan Atlantique entre eux et moi. Le premier, la rencontre internationale « Le vivant : histoires » qui s’est déroulée à Nantes les 7 et 8 janvier dernier proposait une réflexion pluridisciplinaire sur la place que nous accordons au vivant dans nos organisations qu’elles soient éducatives, culturelles, sanitaires ou sociales. S’y tenait, entre autres, une présentation de Joëlle Aden, de l’université du Maine, sur le travail d’Hélène Trocmé-Fabre sur la pédagogie et le langage du vivant dont nous avons déjà présenté le travail éclairant sur ce blogue.
L’autre événement est une exposition interactive qui aura lieu du 15 janvier au 14 février 2015 à Rennes. Intitulé « La psyché de l’univers, hommage à Francisco J. Varela », l’exposition invite à explorer les notions d’expérience, d’attention, d’interdépendance ou d’intersubjectivité. Elle comporte en outre la reconstitution du «Portable Laboratory» que Francisco Varela avait présenté en 1999 à Anvers dans l’exposition «Laboratorium », un dispositif simple d’observation de la conscience en première personne. En clôture de l’exposition, rassemblera des invités et un public autour d’un repas cuisiné et dégusté collectivement qui n’est pas sans rappeler l’étonnante scène du restaurant du film « Le cercle créatif dans l’entreprise » de Michel Duzert (également de Rennes), film conçu d’après les concepts de Francisco Varela sur l’autonomie et la commande.
***
Finalement, en ce début d’année, un mot sur notre financement populaire par dons. Suite à l’arrêt de notre financement public le 31 mars 2013, celui-ci a permis d’amasser près de 8 000$ la première année, ce qui a permis de couvrir la gestion minimale du site et l’écriture des billets dans le blogue français (estimés à environ 7 500$ / an). Dans les cinq mois qui ont suivi, soit d’avril à août 2014, un peu plus de 1 000$ ont été recueillis, puis dans les quatre mois suivants de septembre à aujourd’hui, environ 1 750$ (le thermomètre de dons ci-contre sera mis à jour d’ici quelques jours). Un grand merci pour ces sommes qui permettent la poursuite de notre mission.
Jay Olson
Psychology of Magic
Des outils d’analyse d’images pour une neurochirurgie plus précise
Neurons Listen to Glial Cells
Oligodendrocyte Precursor Cells Modulate the Neuronal Network by Activity-Dependent Ectodomain Cleavage of Glial NG2
Rencontre internationale « Le vivant : histoires »
La psyché de l’univers, hommage à Francisco J. Varela
Le cercle créatif dans l’entreprise
Au coeur de la mémoire | Comments Closed