lundi, 22 septembre 2014
L’art de la vulgarisation scientifique : l’exemple de Joël de Rosnay
Il faut se heurter sur une base hebdomadaire à la difficulté de résumer en quelques paragraphes des études scientifiques complexes pour reconnaître et même parfois être émerveillé par le travail de vulgarisation de certaines personnes. Au Québec, les sources d’inspiration ne manquent pas, de l’incontournable pionnier Fernand Seguin jusqu’à l’émission radiophonique Les Années Lumières animée par Yanick Villedieu qui avait eu il y a moins d’un an de bons mots pour ce site.
À l’étranger, dans la francophonie, l’un des pères de ces efforts de transmission de notions complexes au plus grand nombre est sans contredit Joël de Rosnay. Du Macroscope en 1975 à Surfer la vie : comment sur-vivre dans la société fluide en 2012 en passant par Le cerveau planétaire en 1986 ou La plus belle histoire du monde en 1996 (coécrit avec des gens comme Hubert Reeves et Yves Coppens), sa feuille de route est, comme on dit, impressionnante.
Et on peut en dire autant de sa prestation dans le petit vidéo du premier lien ci-bas. En trois petites minutes et demi, de Rosnay donne à voir toutes les implications dans notre vie quotidienne de cette nouvelle science née plus ou moins avec le XXIe siècle que l’on appelle l’épigénétique. C’est que les 23 paires de chromosome constitués des quelques 25 000 gènes humains qui se retrouvent dans chacune des cellules du corps humain ne « s’expriment » pas tous. Ceux qui sont dans les cellules de foie, par exemple, ne vont traduire en protéine que les bouts d’ADN (les gènes) qui contribuent à la fabrication des protéines utilisées par le foie. Même chose pour les neurones : différents gènes vont s’y exprimer qui ne seront pas les mêmes non plus selon les différents types de neurones, les neurotransmetteurs qu’ils utilisent, etc.
Or on s’est aperçu depuis quelques années que beaucoup de facteurs environnementaux peuvent réguler l’expression des gènes, autrement dit en favoriser ou défavoriser la traduction en protéines. Et les travaux en épigénétique depuis quelques années montrent de plus en plus que notre alimentation, l’exercice physique, notre façon de gérer le stress ainsi qu’une vie intellectuelle et sociale qui nous rend plus ou moins heureux sont tous des facteurs qui peuvent affecter le bien-être de notre organisme par l’entremise de ces régulations épigénétiques, qui vont en quelque sorte « au-delà des gènes ». Des facteurs qui, également, sont comme par hasard à peu près les mêmes qui sont connu pour ralentir la progression de l’Alzheimer ou même du vieillissement normal.
Et la cerise sur le sundae qui rend ces découvertes encore plus fascinantes, c’est que ces modifications épigénétiques seraient transmissibles d’une génération à l’autre, une vieille idée de Lamarck battue en brèche par 150 ans de Darwinisme ! J’avais d’ailleurs déjà souligné cet aspect il y a quelques mois en parlant d’une autre perle de de vulgarisation scientifique, l’émission radiophonique Sur les épaules de Darwin, de Jean Claude Ameisen.
En terminant, tant qu’à être dans le lançage de fleurs aujourd’hui (on gardera les pots pour une autre fois…), signalons qu’après la syndication du contenu du blogue du cerveau à tous les niveaux sur le site de l’Agence Science Presse, les billets de notre blogues, tant en français qu’en anglais, sont maintenant également repris par un nouveau portail pan canadien de nouvelles scientifiques, Science Boréalis.
Joël de Rosnay: Epigénétique
La vie cachée de nos gènes – Extrait #1
Joël de Rosnay
Science Borealis
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