mardi, 3 septembre 2013
Un cerveau, à quoi ça sert ?
C’est par cette question à la fois triviale et fondamentale que j’aimerais débuter cette rentrée 2013 non seulement sur le blogue du Cerveau à tous les niveaux, mais également sur celui de l’Agence Science-Presse. Cette agence de presse scientifique québécoise (voir le dernier lien ci-bas), qui regroupe maintenant près d’une cinquantaine de blogueurs et blogueuses publiant régulièrement sur l’actualité de leur discipline scientifique, a en effet invité le Cerveau à tous les niveaux à les rejoindre. Nos billets hebdomadaires se retrouveront ainsi sur les deux plates-formes, la nôtre et la leur pour, on l’espère, susciter la curiosité d’encore plus de gens pour « cet objet le plus complexe de l’univers (connu) dont nous possédons tous un exemplaire entre les deux oreilles! ».
Revenons à la question du titre de ce billet. La réponse triviale est évidemment que le cerveau sert… à tout ! Sentir, voir, entendre, marcher, danser, parler, calculer, rire, pleurer, faire du vélo, de la science ou de la philosophie et être en plus conscient de faire tout ça, voilà quelques exemples où le cerveau est actif. Sans parler du sommeil et des rêves où l’activité cérébrale est extrêmement variée et structurée. Et même lorsqu’on ne fait rien du tout, qu’on est simplement « dans la lune », on sait maintenant qu’un « réseau par défaut » particulier est actif à ce moment-là. Bref, on peut dire dans un premier temps que le cerveau sert à tout.
Mais à quoi servait-il, au tout début de la vie, quand il n’y avait pas encore de statuts Facebook à commenter ? Autrement dit, en cabotinant un peu moins, quel est l’origine de la fonction des systèmes nerveux des animaux ? On peut affirmer qu’un système nerveux a d’abord servi à bouger vers les ressources. C’est-à-dire percevoir dans son environnement la présence de ressources intéressantes pour l’organisme et être capable de se diriger vers elles. Car contrairement aux plantes qui font de la photosynthèse grâce à leurs molécules de chlorophylle et peuvent ainsi rester bien tranquille au même endroit en utilisant l’énergie photonique pour construire sa propre matière (avec du CO2, de l’eau, des sels minéraux…), les animaux, eux, sont dépourvus de ce fameux pigment vert et doivent se débrouiller pour trouver leur nourriture en se déplaçant.
C’est un peu ce qu’expliquent les pages 22 à 27 de la présentation « Tout ce que le cerveau n’est pas » qui présente un survol des différents niveaux d’organisation de notre système nerveux, niveaux qui sont au cœur du mode de navigation particulier du site web le Cerveau à tous les niveaux.
C’est aussi ce que raconte, à un niveau plus avancé, le spécialiste des neurosciences et de l’évolution Kenneth S. Kosik dans le 4e épisode du podcast vidéo « NEURO.tv » intitulé « The Evolution of the Synapse » (en anglais, premier lien ci-bas). Il y retrace entre autres l’étonnante histoire des gènes impliqués dans les connexions entre les neurones (les synapses) qui étaient présents très tôt dans l’évolution, même avant la différenciation des premières cellules nerveuses.
Parmi les autres vidéos suggérés par You Tube à côté de ce dernier, deux ont retenu mon attention parce qu’ils donnaient un aperçu en termes simples de ce qu’était devenus, des centaines de millions d’années après les premières éponges marines, les systèmes nerveux et endocriniens de l’être humain.
J’inclus ici le système endocrinien parce que comme l’explique la présentation « Neurones versus hormones », la frontière entre les deux grands systèmes de communication du corps humain devient de plus en plus flou à mesure que l’on découvre que des neurotransmetteurs agissent aussi comme des hormones, et vice versa. Autrement dit, que le système nerveux a évolué dans un corps et qu’il entretient avec ce corps et l’environnement dans lequel il évolue des rapports intimes dont le moteur principal (c’est le cas de le dire) demeure l’action nécessaire sur le monde pour s’approprier les ressources permettant de maintenir une structure organisée, celle d’un être vivant, dans un environnement qui l’est beaucoup moins.
Et on pourrait presque dire, comme le faisait remarquer le biologiste français Henri Laborit, qu’un être animal est « une mémoire qui agit ». Car bien entendu, retenir qu’une ressource utile pour nous se trouve souvent à tel endroit peut être fort utile d’un point de vue adaptatif. Mais cela, la mémoire, la cognition, la conscience, sont des choses qui se sont construites par la suite, sur la boucle sensori-motrice fondamentale que le cerveau humain possède encore. Et qui, je l’espère, vous fera vous souvenir que ce blogue peut être une source d’information intéressante sur le cerveau, et vous fera bouger les doigts sur le clavier pour y revenir à l’occasion…
NEURO.tv Episode 4 -The Evolution of the Synapse
The Divisions of the Nervous System
The Endocrine System
Kenneth S. Kosik
Agence Science-Presse
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