lundi, 29 avril 2013
Controverse et effet placebo : même dans les sondages !
Un sondage effectué auprès de médecins anglais et publié en mars 2013 dans la revue scientifique Plos One a montré que l’effet placebo n’a pas fini de faire couler de l’encre. C’est que les chiffres qu’il rapportait avaient de quoi impressionner : 97% des répondant.e.s (c’est-à-dire environ une personne sur deux sur les 1700 ayant reçu le questionnaire, ce qui est assez bon) disaient avoir prescrit un placebo « impur » au moins une fois durant leur carrière.
Les critiques adressées au sondage étaient surtout associées à ce qualificatif « d’impur » dont les articles dans les grands médias rapportant la nouvelle ne se sont pour la plupart pas trop formalisés. Or c’est là qu’on a une zone floue, très floue, disent certains.
Il faudrait d’abord rappeler en quoi le « placebo impur » s’oppose au « placebo pur ». Et même avant, rappeler tout simplement la définition même de l’effet placebo qui, du reste, varie selon les auteurs. Mais disons qu’on s’entend pour dire que les attentes d’un patient par rapport à un traitement peuvent produire un soulagement sans même qu’il y ait eu ingestion d’un ingrédient actif. Autrement dit, le seul fait de croire que le traitement va nous être bénéfiques peut nous faire aller mieux ou nous faire ressentir moins de douleur.
On parle ensuite d’un placebo pur quand on prescrit dans un contexte thérapeutique un composé inerte, par exemple pilule de sucre. C’est ce type de placebo pur qui est utilisé lorsqu’on teste un nouveau médicament. Un premier groupe de sujets reçoit le médicament actif, et un autre groupe reçoit une pilule en tout point semblable, mais ne contenant que du sucre. Si l’on mesure ensuite une différence significative en faveur du groupe qui a reçu le médicament, alors on peut dire que la molécule a un réel effet physiologique qui va au-delà des fluctuations produites par les attentes du patient.
La catégorie des placebos impurs, donnés quant à eux dans le contexte d’une consultation médicale, est beaucoup plus hétérogène. C’est pour cette raison que, dans le cas du récent sondage, c’est cette question (qui a récolté un impressionnant 97%) qui a donné flanc aux critiques. On y retrouve à la fois des médicaments commercialisés, mais dont on n’a pas certifié l’efficacité pour des pathologies autres que celles énumérées sur l’étiquette; des suppléments vitaminiques qui n’ont pas d’effets prouvés sur des pathologies; des antibiotiques donnés pour des infections virales; des suggestions positives du médecin ou encore de simples tests requis par le patients pour le rassurer. On le voit, les facteurs ayant été proposés comme candidats possibles aux effets placebos impurs sont divers et multiples (tout comme les mécanismes explicatifs suggérés d’ailleurs).
Ce billet ne peut évidemment élaborer sur les critiques soulevées dans les liens ci-bas sur une question aussi complexe. Tout au plus pouvons-nous conclure en rappelant qu’à la limite, selon les critères pour les placebos impurs retenus par le récent sondage, tout médecin qui a un jour fait quelque chose pour améliorer la relation thérapeutique avec l’un de ses patients devrait répondre oui à la fameuse question. Pas étonnant qu’on se rapproche du 100%…
DO 97% OF UK DOCTORS PRESCRIBE PLACEBOS?
BEHOLD THE SPIN! WHAT A NEW SURVEY OF PLACEBO PRESCRIBING REALLY TELLS US
Frequency and circumstances of placebo use in clinical practice – a systematic review of empirical studies
PLACEBO USE IN THE UNITED KINGDOM: RESULTS FROM A NATIONAL SURVEY OF PRIMARY CARE PRACTITIONERS
L'émergence de la conscience | Comments Closed