lundi, 17 décembre 2012
L’évolution n’est pas que la sélection naturelle
Parlons un peu de la complexité du vivant, et comment on peut en rendre compte par certains mécanismes de l’évolution. Et comme Noël approche, commençons en rappelant que pour les créationnistes qui se réclament du « design intelligent », la grande complexité de certains organes, œil ou cerveau par exemple, suffit à invalider la théorie de l’évolution. Pour eux, on ne peut pas imaginer une succession de petites étapes animées par la sélection naturelle qui auraient pu mener à de telles constructions, seul un Designer intelligent (lire : Dieu) a pu le faire.
Malheureusement pour eux, de nombreux biologistes, de Gould à Dawkins en passant par PZ Myers dont on va parler aujourd’hui, ont montré que nous avions plutôt affaire à un Horloger aveugle qu’à un Designer intelligent. Bref, que la théorie de l’évolution peut expliquer la complexité du vivant.
Mais il y a tout de même un petit bout de l’argumentaire créationniste que l’on peut sauver, celui qui remet en question la pertinence de la sélection naturelle comme seul moteur de la complexité des êtres vivants. Trop de gens pensent encore que la sélection naturelle de Darwin est un mécanisme capable d’expliquer à peu près tous les aspects de l’évolution.
PZ Myers, un spécialiste de la biologie évolutive du développement qui tient l’un des blogues scientifiques les plus fréquentés, montre dans son dernier billet avec un exemple très pédagogique que la complexité n’est pas habituellement le produit de la sélection naturelle. Mais alors, faut-il retourner à une entité mystérieuse pour l’expliquer ? Pas du tout. Les mutations dues au hasard, couplées à une dérive génétique au sein de la population, explique en grande partie la complexification du vivant. Ce qui n’empêche évidemment pas, s’empresse d’ajouter Myers, que des mécanismes sélectifs puissent ultérieurement agir sur cette diversité et en favoriser certaines formes.
Je ne tenterai pas ici de résumer la démonstration qui prend tout de même plusieurs paragraphes à ce spécialiste (voir le premier lien ci-bas). Seulement signaler qu’il part d’un phénomène génétique fréquent, la duplication d’un gène, et qu’il fait intervenir ensuite sur ce doublon un autre phénomène génétique banal, la mutation qui change au hasard une base nucléique sur l’ADN, et qui du coup peut avoir plusieurs effets possibles : rendre l’enzyme plus spécifique, plus efficace, l’empêcher d’accomplir sa fonction ou encore, le plus souvent, ne pas avoir d’effet du tout sur la fonction. Mais, effet fonctionnel ou non, on voit déjà l’ADN offrir un terreau plus fertile aux processus évolutifs, bref se complexifier…
PZ Myers produit ici un autre billet d’une série annoncée pour remettre les pendules à l’heure sur les prémisses de l’approche de la psychologie évolutive, un domaine déjà passablement critiqué, et qui traduit selon Myers une vision trop simpliste des divers processus évolutifs à l’œuvre simultanément.
αEP: Complexity is not usually the product of selection
αEP: The fundamental failure of the evolutionary psychology premise
De la pensée au langage | Comments Closed