lundi, 21 avril 2025
La structure profonde de nos origines en tant qu’humains et… êtres vivants !
Comme annoncé la semaine dernière, c’est demain soir, mardi le 22 avril à 19h au café La Place Commune, qu’aura lieu la 2e rencontre du club de lecture de mon livre « Notre cerveau à tous les niveaux. Du Big Bang à la conscience sociale ». Cette rencontre intitulée « De la « poussière d’étoile » à la vie : l’évolution qui fait qu’on est ici aujourd’hui » nous fera remonter les origines non seulement de notre lignée humaine, mais de la triple évolution (biologique, chimique et cosmique) qui rend possible chacune de nos existences. Après une première heure où j’en résumerai le contenu et où vous pourrez poser toutes les questions qu’il vous suggère, on aura comme invitée l’anthropologue Michelle Drapeau qui nous parlera de paléoanthropologie, son domaine de recherche qui étudie l’évolution de la lignée humaine, notamment à partir de fragments d’os retrouvés et ce qu’ils nous révèlent sur l’apparition de ce trait déterminant pour notre espèce : la bipédie. Et pour vous donner un aperçu des enchaînements improbables qui ont permis l’émergence des sociétés humaines complexes telles que nous les connaissons aujourd’hui, je vous présente très brièvement dans le reste de ce billet un article scientifique récent sur les échanges génétiques qui ont eu lieu entre les différentes lignées humaines tout au long de leur histoire.
Vous le savez peut-être, les quelques 2800 références de mon bouquin ont été mises sur le site web qui l’accompagne, ce qui permet une fois cette page ouverte d’accéder en un clic au livre ou à l’article scientifique désiré. Cela permet aussi, petite coquetterie de l’auteur, de pouvoir se vanter d’avoir des références de 2025 dans un livre publié en 2024 ! Car s’il y a un numéro de référence dans le livre à un endroit pertinent, je n’ai qu’à aller sur le site pour ajouter la référence de 2025 à la suite de celle qui était déjà à ce numéro.
Et c’est ce que j’ai fait récemment à la référence 92 de la 2e rencontre pour l’article publié en mars dernier dans Nature Genetics et intitulé : A structured coalescent model reveals deep ancestral structure shared by all modern humans. Ce numéro de référence étant associé dans mon livre à la phrase « l’évolution de la lignée humaine, qu’on appelle l’hominisation, ne s’est pas faite de façon linéaire », cet article venait appuyer au niveau génétique ce qui est reconnu depuis maintenant fort longtemps en paléontologie, et Michelle Drapeau aura sûrement l’occasion de nous en parler. J’aurais d’ailleurs bien besoin de ses lumières pour comprendre cet article à la méthodologie complexe. Je me contenterai simplement de vous présenter cette figure, sans doute la plus parlante de l’article.
On y distingue sur l’axe vertical des y le passage du temps vers le bas d’il y a environ 1,5 millions d’années à aujourd’hui. Et les zone en gris représentent le flux des gènes ayant abouti à la constitution génétique des humains d’aujourd’hui tout en bas du graphique. Ce que ce modèle évolutif a permis de monter, c’est que deux populations humaines ancestrales auraient divergé il y a ~1,5 million d’années et se seraient retrouvées il y a ~300 000 ans, dans un rapport ~80:20%. C’est ce que montre les zones grise entourée d’une ligne rouge en haut à gauche du schéma.
Le modèle prédit aussi, comme on peut le voir sur la figure pour le premier flux horizontal de gènes avec la petite flèche noire, qu’immédiatement après leur divergence, il y eut un fort goulot d’étranglement dans la principale population ancestrale qui s’est par la suite répandue et a constitué éventuellement près de 80% du pool génétique de l’espèce, le 20% restant en provenance d’une autre population s’intégrant beaucoup plus tard dans la population principale, aux alentours d’il y a 300 000 ans.
À noter aussi que les populations humaines non africaines d’aujourd’hui ont elles aussi bénéficié d’un apport génétique tardifs d’une autre espèce, le fameux 2% de gènes que nous aurions hérité de croisements avec les Néandertaliens et les Dénisoviens (à droite sur le schéma). Voilà donc un aspect parmi tant d’autres de la merveilleuse odyssée de notre espèce dont on pourra discuter ensemble demain soir. Parce que, en tout cas personnellement, j’ai toujours de la difficulté à accepter que toute cette épopée n’ait conduit qu’à faire des stationnements de Wal-Mart…
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P.s. 1: La cuisine sera ouverte à la Place Commune demain, donc si vous voulez arriver une petite heure avant 19h pour y manger, ce serait un bon plan car s’il y a plus d’une quarantaine de personnes comme la dernière fois, arriver tôt sera une bonne idée.
P.s. 2 : Grosse annonce qui s’en vient très prochainement sur Henri Laborit… Indice : il nous a quitté le 18 mai 1995, il y aura 30 ans dans quelques semaines…
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