lundi, 17 mars 2025
Club de lecture de mon livre et les écrits d’Hélène Trocme-Fabre
Tel qu’annoncé la semaine dernière, j’aimerais rappeler à votre mémoire un certain nombre de livres et d’articles écrits par Hélène Trocme-Fabre qui nous a quitté le 21 février dernier. Mais d’abord, simple rappel que c’est mardi le 25 mars prochain à 19h au café les Oubliettes que commence le club de lecture de mon livre « Notre cerveau à tous les niveaux. Du Big Bang à la conscience sociale ». Une première rencontre qui, comme dans le livre, aura donc pour titre : Le « connais-toi toi-même » de Socrate à l’heure des sciences cognitives. Comme je l’ai expliqué dans ce blogue il y a un mois en me référant à la description de l’activité sur le site de l’UPop Montréal :
« Fidèle à l’organisation générale du livre en différentes « rencontres » entre les deux protagonistes, je propose pour ce club de lecture de faire autant de séances qu’il y a de rencontres dans le bouquin, c’est-à-dire une douzaine. Durant la première demi-heure de chacune de ces séances, j’en résumerai les concepts clés ainsi que de nouvelles idées issues de mes lectures récentes. Ce sera ensuite l’occasion de poser des questions sur les aspects plus difficiles de cette rencontre (exposés par exemple dans certains encadrés). Après la pause habituelle des cours de l’UPop, nous approfondirons un thème lié à cette rencontre, idéalement toujours avec un.e invité.e qui nous parlera de son domaine de recherche relié à celui du thème de la rencontre. Et à nouveau, les gens pourront intervenir et faire comme Yvon dans le livre en questionnant les implications concrètes de tout ça dans notre vie de tous les jours. »
Je suis bien excité à l’idée de me replonger dans ces rencontres pour éclaircir et d’approfondir avec vous toutes ces questions du Big Bang à la conscience sociale !
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Plusieurs questions reliées à notre cognition, à notre capacité de connaître le monde avec notre cerveau, ne peuvent d’ailleurs se comprendre réellement que si l’on se rappelle que nous sommes avant tout des êtres vivants. Nombre de philosophes réfléchissent maintenant sur « le vivant » et tout ce qu’il nous amène à comprendre sur nous-même et nos sociétés. De Vinciane Despret à Baptiste Morizot, en passant par Emanuele Coccia ou Olivier Hamant, prendre le temps d’observer et de comprendre la faune et la flore s’avère toujours inspirant pour notre monde qui s’en est coupé depuis trop longtemps. Et une précurseure de cette pensée, je vous en parlais la semaine dernière à propos de ses entretiens vidéos, c’est Hélène Trocme-Fabre, décédée le mois dernier à l’âge de 94 ans. Je voudrais donc rappeler simplement ici quelques-uns de ses écrits que j’avais déjà signalés dans ce blogue.
D’abord en 2011, dans un billet intitulé Apprendre à piquer la curiosité, où je faisais mention de ses ouvrages J’apprends donc je suis et de Réinventer le métier d’apprendre qui ont marqué une génération de pédagogues. Ensuite en 2012, dans le billet Mémoriser : les « pourquoi » et les « comment » en parlant de son article publié dans le dossier « Aider à mémoriser » des Cahiers Pédagogiques en juin 2009 où elle puise dans la biologie du vivant, citant Francisco Varela au passage, pour nous rappeler que,
depuis la première cellule, « tout y est reliance, connectivité et émergence ».
Puis en 2013, où elle nous invitait à Mieux penser le vivant en utilisant ses mots à l’occasion d’une réédition augmentée de son « Langage du vivant » d’abord publié en 2004 et qui l’avait menée à mettre en évidence « l’immense fossé qui sépare nos langues européennes du langage du vivant. ». Je me permets de citer un bout de ce billet, qui résonne plus que jamais en ces temps de polarisation de la pensée :
« Parce qu’un arsenal langagier est bien autre chose que de simples mots. Il cache des croyances implicites sur ce qu’est la vie et sur notre compréhension du monde. On s’enferme ainsi encore trop souvent inconsciemment dans un mode de pensée dualiste qui nous incite à réfléchir en termes d’opposition et d’alternative. Et si, comme le disait Pierre Bourdieu, «Changer les mots c’est changer les choses», il faut, comme nous invite à le faire Hélène Trocmé-Fabre, changer ce vocabulaire. Comme celui du « ou bien, ou bien » qui ferme la porte à la troisième voie, à l’inattendu, à l’innovation. À la vie, quoi. »
Et finalement, en 2014, où j’évoquais Deux habituées de ce blogue revisitées, dont Hélène à propos de son article Le Vivant et Nous qu’elle venait de rendre accessible sur Internet et où elle rappelle que :
« l’humain a tout à gagner lorsqu’il cherche à découvrir qu’il est par nature en devenir (comme le furent les premières cellules pro- et eucaryotes), et que son équilibre dépend de son respect pour les 3 logiques auxquelles est soumis tout organisme vivant : une logique de régulation (dans sa relation à l’environnement); une logique d’adaptation (dans sa relation aux autres); une logique d’évolution (dans sa relation à soi). Il existe une autre façon de dire la même chose : le vivant est né, nous sommes nés, pour apprendre. »
Un texte d’une grande richesse où se retrouvent condensés d’autres aspects de la riche pensée de cette pédagogue branchée sur les sciences cognitives contemporaines dont les écrits ont encore tant à nous apprendre, justement.
De la pensée au langage, Du simple au complexe | Pas de commentaires