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lundi, 2 décembre 2024
Après le salon du livre de Montréal, un retour aux sources sur ce blogue

Avant de faire un petit retour sur le salon du livre de Montréal et autres actualités reliées au livre « Notre cerveau à tous les niveaux », je sens le besoin de revenir progressivement à la première vocation de ce blogue qui est de diffuser et commenter du contenu sur les sciences cognitives contemporaines. Bien sûr à travers la promo du livre, de ses « fun facts » aux conférences présentant son contenu, des concepts et des études des sciences cognitives ont « percolé » ici depuis deux ans. Mais pour reprendre tranquillement, pourquoi ne pas simplement vous signaler quelques bons liens, comme je le faisais il y a longtemps. En remontant aux sources, tiens, avec le site Neuroscience for Kids, qui existe encore depuis 1996 et qui m’avait inspiré pour Le cerveau à tous les niveaux.

Dans chacune de ses infolettres mensuelles, on y met en vedette un « site du mois » (en mai 2004, Le cerveau à tous les niveaux avait eu cet honneur!). Ce mois-ci, il s’agit d’une synthèse grand public de récents articles de la revue Nature qui tournent autour de ce qui nous rend unique comme animal, nous, les humains. On est surtout au niveau moléculaire, cellulaire et cérébral, où un ralentissement général du développement chez le primate humain donne lieu à l’expansion cérébrale et surtout corticale observée chez notre espèce. Donc plusieurs données bien vulgarisées et présentées de manière dynamique (en « scrollant » continuellement vers le bas) sur ce qui rend notre espèce si spéciale. Quoi qu’on se garde bien, dans ces sites grands publics avec de gros sous derrière, d’aborder le côté le plus hideux du système capitaliste actuel qui nous tire vers le pire, créant et entretenant par exemple une « crise du logement » permanente qui met les gens dans la rue. Et lorsqu’ils se font des campements de fortune, on les démantèle en plein hiver, comme ce matin dans ma ville, à Montréal…

Je remonte aux sources avec Neuroscience for Kids, mais je me rends bien compte, comme le laisse entrevoir les deux phrases précédentes, qu’après avoir passé quatre ans à côtoyer Yvon avec le livre, je ne suis plus capable de faire de vulgarisation scientifique bien propre et déconnectée du monde. Ce monde qui est dévasté quotidiennement par l’idéologie de la croissance économique qui nous pousse vers toujours plus d’efficacité (accompagnée de toujours plus « d’externalités » qui polluent les écosystèmes) et vers plus de « performance ». Voilà pourquoi quand deux camarades (merci Sylvie et Jean-Pierre!) m’ont pointé indépendamment les critiques du biologiste Oliver Hamant sur cette question de la performance, j’ai tout de suite été voir de quoi il en retournait. Et je n’ai pas été déçu. Car ce que ce spécialiste de la biologie végétale montre, c’est qu’en ces temps de plus en plus imprévisibles (notamment au niveau du climat), nous aurions tout avantage à mettre de côté ce dogme de la performance qui mène inéluctablement vers fragilité et crises sociales, pour s’inspirer de la robustesse du vivant. Car de la moindre plante au cerveau humain, on observe dans le vivant des systèmes pratiquement toujours sous-optimaux mais redondants et décentralisés, de sorte que lorsque survient un assaut ou une lésion, d’autres voies parallèles, métaboliques ou nerveuses, peuvent prendre le relai et absorber les contrecoups. Voici donc trois format pour découvrir cette pensée de Hamant: le TED Talk, la conférence plus classique, et la longue entrevue sur la chaîne Thinkerview.

* * *

Pour revenir au bouquin maintenant, dans un article de l’édition du 16 novembre dernier du journal Le Devoir intitulé « Diplomatie animale », la journaliste Caroline Montpetit questionne de belle façon notre rapport aux autres animaux. Le texte m’a d’autant plus touché que je me suis moi aussi servi de l’exemple du caribou pour parler de notre interdépendance avec l’ensemble des écosystèmes à la page 433 de mon bouquin. Touché aussi parce qu’elle cite longuement « le fascinant livre » Notre cerveau à tous les niveaux, avec un passage qui rejoint bien le ralentissement développemental chez notre espèce dont parlait la page de Nature présentée plus haut :

« Le bébé humain, avec son gros cerveau, va avoir de la difficulté à passer dans le canal pelvien plus étroit de ce bassin modifié. La sélection naturelle aurait alors favorisé la naissance d’enfants prématurés, avec un cerveau inachevé pas encore trop gros, et dont la demande énergétique considérable deviendrait trop importante pour la mère vers la fin du neuvième mois, deux hypothèses débattues, mais qui ont pu jouer en même temps. De sorte que le bébé humain est de loin le moins précoce de tous les primates. Par exemple, à la naissance, le cerveau humain ne représente que 25 % du volume qu’il atteindra à l’âge adulte. Chez le chimpanzé nouveau-né, cette proportion est de 40 %. Pour atteindre ce même niveau, la grossesse humaine devrait durer 16 mois ! À un an, le cerveau n’a atteint que 50 % de son volume final chez l’humain, mais 80 % chez notre plus proche parent. Ça implique que chez l’humain, de nombreuses étapes du développement cognitif vont se dérouler dans un contexte social riche, celui de la famille. »

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Finalement, je vous laisse avec une autre photo du salon du livre de Montréal du week-end dernier (où « le gros livre rouge de Bruno » a été le 3e plus gros vendeur chez Écosociété!), celle de Rémy Guenin, l’illustrateur de l’ouvrage, en train de faire une « dédicace-dessin » d’un bel escargot à coquille de cerveau (pour me faire plaisir…) intitulée « cerveau-lent »… Merci à toutes les personnes qui sont passées et avec qui j’ai eu grand plaisir à discuter !

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