lundi, 11 janvier 2016
Gros podcast qui finit mais laisse des traces; petit site qui persiste et signe !
J’aimerais vous parler cette semaine de deux sources d’info fort différentes mais aussi fascinantes l’une que l’autre : une grosse, très générale, et une petite, très spécifique.
La grosse, c’est « Neuropod », un bon 50 heures de plaisir potentiel si vous aimez entendre parler de neurosciences cognitives. Neuropod est le podcast mensuel de la revue Nature, le plus prestigieuse (avec Science) revue de publication d’articles de toutes disciplines scientifiques confondues. Je devrais plutôt dire « était », car l’émission de décembre dernier nous apprend la fin de la série pour des raisons qui restent floues (on évoque la complexité des décisions au sein d’une entreprise de grande taille comme celle-ci, mais sans plus…).
Pourquoi alors vous en parler ? À cause des archives, qui demeureront accessibles et qui permettent de réécouter tous les épisodes de 2008 à aujourd’hui (tous les liens sont ci-dessous). Donc près d’une centaine d’émissions audio de 20 à 25 minutes, traitant de façon claire et concise de 4 à 5 sujets par mois. Des récepteurs transmembranaires jusqu’aux mystères de la conscience, en passant par les conférences mondiales importantes ou les sujets « chauds » du moment, ces podcasts créés et animés durant les premières années par Kerri Smith, et ces dernières années par Elie Dolgin sont une véritable petite mine d’or d’informations aisément accessibles.
À titre d’exemple, l’émission de décembre dernier ouvrait avec un sujet dont on a parlé ici le 14 décembre dernier, c’est-à-dire la démarche du psychologue Russell Poldrack qui a scanné son cerveau deux fois par semaine pendant un an et demi.
Ensuite, le sujet peut-être le plus intéressant de l’émission par les questions fondamentales qu’il soulève, parlait d’une étude de Bence Ölveczky publiée en décembre dernier (dans Nature, évidemment…). Celle-ci démontrait que l’inactivation pharmacologique ou avec l’optogénétique d’une région particulière du cerveau n’a pas toujours les mêmes effets comportementaux qu’une lésion pure et simple de celle-ci. J’y reviendrai peut-être, mais je signale tout de suite que j’avais, le 13 octobre dernier, déjà résumé ici l’une des études ayant conduit à ces conclusions, celle de l’ablation du cortex moteur qui n’affectait pas un apprentissage procédural préalablement appris.
Deux autres topos complétaient ce podcast, un expliquant que l’exposition précoce à une langue influence comment le cerveau traite une autre langue apprise plus tard dans la vie. Et un autre sur une expérience d’imagerie cérébrale démontrant que les gens qui aiment « l’esprit du temps des Fêtes » ont une activation cérébrale différente de ceux qui y sont plutôt indifférents lorsqu’ils regardent des images de Noël. Bon, comme vous voyez, il y en a pour tous les goûts dans Neuropod…
Une dernière précision : si l’aventure de Neuropod se termine, celle du « Nature Podcast », elle, se poursuit. Nature Podcast est une émission similaire mais hebdomadaire qui traite des articles de tous les domaines scientifiques publiés dans le numéro de la semaine de Nature.
* * *
Pour ce qui est de la petite source d’info sur laquelle je voulais attirer votre attention ce mois-ci, elle fête son 15e anniversaire et est toujours bien vivante. Il s’agit d’un site entièrement consacré à un comportement qui ne dure que quelques secondes, qui est « contagieux », et que nous effectuons quand même environ 250 000 fois durant notre existence ! Les devinettes vous ennuient et vous font bâiller ? Et bien vous y êtes, le site web du Dr. Olivier Walusinski est entièrement consacré au bâillement ! 😉
Médecin généraliste, le Dr. Walusinski a colligé au fil des ans une somme impressionnante de données sur le bâillement, allant des derniers articles publiés aux débats historiques sur son rôle encore mal connu. En effet, le bâillement ne semble pas, comme on l’avait d’abord cru, augmenter l’oxygénation sanguine générale ou celle du cerveau. Il s’agirait plutôt d’un mécanisme qui permet de stimuler la vigilance. Walusinki écrit :
« La puissante contraction musculaire engendrée déclencherait, en retour, une stimulation de la réticulée activatrice et du locus céruleus, structures de l’éveil au niveau du tronc cérébral, immédiatement contiguës aux noyaux des nerfs moteurs commandant l’exécution du bâillement. »
Si jamais ces billets vous endorment, je vous suggère donc de bâiller un bon coup et d’aller ensuite sur le site baillement.com essayer de comprendre ce qui vient de se passer dans votre cerveau…
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Neuropod – Archive
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Le bâillement
Du simple au complexe | Comments Closed