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lundi, 26 octobre 2015
Suivre le labyrinthe mental de nos pensées

J’essaie quelque chose. Je dis souvent qu’on peut parler neuroscience à partir de tout puisque toute activité humaine s’accompagne d’une activité particulière des cerveaux qui l’accomplissent. Or ce matin j’ai très peu de temps pour faire une recherche spécifique qui m’amènerait à écrire un billet sur une étude récente, comme je le fais depuis le lancement de ce blogue.

J’ai très peu de temps parce que fiston est là car ses profs sont en grève aujourd’hui, et donc il n’a pas d’école. Cette grève s’oppose aux coupures en éducation par un gouvernement plus soucieux du maintien des privilèges des nantis que de l’émancipation des jeunes cerveaux qui ont besoin de grandir dans un environnement riche et stimulant.

Dans ces hiérarchies de dominance qui s’établissent par la tromperie langagière ou, si elle s’avère insuffisante, par la force de la police, de l’armée, ou de simples lois comme la  « loi spéciale » qui pend au bout du nez des profs présentement, Henri Laborit a montré qu’un individu peut vite se retrouver dans l’impossibilité d’agir ou, comme il préfère le dire, se retrouver en inhibition de l’action, ce qui peut avoir des conséquences désastreuses pour sa santé. C’est pour ça aussi que je n’ai pas pu préparer ce billet vendredi, journée que je consacre au site Éloge de la suite sur la vie et l’œuvre d’Henri Laborit pour justement tenter d’expliquer tout ça.

Je n’ai pas pu non plus le préparer jeudi dernier car il y avait une présentation qui m’intéressait au Cercle de Recherche de l’Institut des Sciences Cognitives de Montréal (CRISCo). Donnée par Frédéric-Ismaël Banville et intitulée “Committing to Heuristics: The Status of Representations in Neuroscience” elle tentait de clarifier le sens du terme “représentation” en neuroscience, en particulier le cas fréquent où l’on dit de l’activité neuronale qu’elle « représente » quelque chose (une perception, une tâche à exécuter, etc). Banville remontait ainsi à des expériences classiques d’apprentissages latents (voir le premier lien ci-dessous) qui ont permis d’envisager l’existence des « cellules de lieu », ces neurones de l’hippocampe qui aident l’animal à s’orienter dans l’espace.

L’exposé évoquait donc pour moi toutes sortes d’analogies avec des sujets déjà abordés dans ce blogue, preuve que ce processus, parfois distingué ou confondu avec celui de la catégorisation, est véritablement au cœur de la pensée humaine, comme le souligne le titre de l’ouvrage de Douglas Hofstadter et Emmanuel Sander (qui défendent l’idée que catégorisation et analogie sont une seule et même chose).

Toujours dans le domaine des analogies, l’exposé soulevait aussi indirectement la question du degré de similarité de forme entre ces représentations neuronales et un stimulus perçu, par exemple. Autrement dit, est-ce que la catégorie à partir de laquelle on perçoit ou se souvient d’un stimulus utilise un code « modal » (dont le pattern d’activation des aires sensorielles impliquées dans sa perception vont servir à réactiver l’objet et sa catégorie) ou « amodale » (i.e. sans l’aide de ces aires sensorielles, grâce à des régions associatives « de plus haut niveau ») comme l’ont soutenu traditionnellement les approches cognitivistes. Question complexe, vous vous en doutez bien, qui m’a pris une partie de la semaine dernière à comprendre et à résumer à partir des travaux de Lawrence Barsalou (voir le 2e lien ci-dessous) en vue du  cours sur la cognition incarnée que je donnerai prochainement à l’UTA de Valleyfield.

Bref, j’ai eu pas mal d’inputs « bottom up » qui m’ont sollicité ces derniers jours, ce qui me permet de justifier aujourd’hui grâce à une ruse de la raison d’origine plutôt « top down », la liberté que je prends ce matin dans ce billet. « Liberté » que je pourrais aussi d’ailleurs mettre en guillemet tellement cette notion a donné et donne toujours lieu à des débats sans fin sur sa nature profonde, spécialement en sciences cognitives, comme je le signalais dans ce billet.

Billet qui lançait d’ailleurs notre système de dons sur ce site, système qui vous permet de soutenir l’écriture de ces billets hebdomadaires ! Voilà donc la pirouette finale à laquelle je voulais arriver, en vous remerciant pour votre générosité des derniers mois qui se reflète dans la hausse du thermomètre de don ci-contre que je viens de mettre à jour. 😉

i_lien apprentissage latent
a_exp Brain’s Modality-Specific Systems: Dr. Lawrence Barsalou

De la pensée au langage | Comments Closed


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