lundi, 28 janvier 2013
L’intelligence collective des groupes humains
En psychologie, le concept d’intelligence individuelle et les “test de QI” pour la mesurer sont pour le moins controversés. L’une des bases empiriques fréquemment avancée en faveur de l’existence d’une telle « intelligence générale » est que cette variable unique prédit environ du tiers à la moitié des résultats qu’obtient un individu dans de nombreuses tâches cognitives distinctes et variées.
Dans une étude publiée dans la revue Science en octobre 2010, des psychologues de trois universités américaines affirment avoir mis en évidence un facteur similaire d’intelligence générale, mais cette fois non pour des individus mais pour des groupes. Pour tester cette « intelligence collective », ils ont formé des dizaines de groupes de 2 à 5 personnes et les ont fait travailler pendant plusieurs heures sur différentes tâches allant du brainstorming créatif au dilemme moral, en passant par la partie de dame contre un ordinateur.
Ce qui est ressorti de fort intéressant des nombreuses analyses statistiques de l’étude autour de ce facteur « c » (pour intelligence collective), et qui va au-delà du débat sur ce qu’il pourrait exactement représenter, c’est d’abord le fait qu’il n’était ni fortement corrélé avec l’intelligence moyenne des membres d’un groupe ni avec celle de l’individu du groupe ayant obtenu le meilleur score au test d’intelligence individuelle. Autrement dit, un groupe formé de gens brillants ne fait pas automatiquement le groupe le plus brillant.
Les psychologues ont toutefois trouvé des facteurs permettant de prédire si un groupe sera « intelligent » collectivement, mais ils ont dû se tourner du côté de la coopération pour en identifier trois : premièrement, ce qu’on pourrait appeler la sensibilité sociale globale du groupe (notre capacité à percevoir les émotions des autres); deuxièmement, l’égalité dans les tours de parole lors des délibérations; et troisièmement, la proportion de femmes dans le groupe. Ce dernier point s’accorde d’ailleurs très bien avec d’autres données montrant que les femmes ont tendance à être plus sensible socialement et à prendre plus naturellement les tours de parole que les hommes.
La dynamique interne d’un groupe, la façon dont ses membres travaillent ensemble, semble donc plus importante que la somme de la valeur individuelle de ces mêmes membres, une observation qui n’est pas sans évoquer l’idée d’émergence aussi attribuée au groupe de neurones que constitue notre cerveau pour en expliquer la puissance cognitive.
New study finds small groups demonstrate distinctive ‘collective intelligence’ when facing difficult tasks
Evidence for a collective intelligence factor in the performance of human groups
Evidence for a Collective Intelligence Factor in the Performance of Human Groups
De la pensée au langage | 1 commentaire
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