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lundi, 3 mars 2025
La perspective évolutive : ce qui lie Homo Fabulus à « Notre cerveau à tous les niveaux »

Après l’entrevue à propos de mon livre dans le magazine de l’Acfas la semaine dernière et l’annonce du « club de lecture » consacré à « Notre cerveau à tous les niveaux » il y a deux semaines, j’ai cette semaine un autre prétexte pour vous parler de mon bouquin ! Encore, vous allez me dire ? Que voulez-vous, avec un sous-titre comme « Du Big Bang à la conscience sociale », les lieux et les personnes susceptibles d’en parler sont assez diversifiés. Cette fois, c’est une chaîne Youtube consacrée à la psychologie évolutionnaire, Homo Fabulus, qui le fait connaître à ses abonné.es de belle façon. Voici donc une brève présentation de la chaîne en question, de ce qu’est la « psycho évo » et de son auteur, Stéphane Debove.

Debove a fait une thèse sur les origines évolutives de la morale humaine qu’il a ensuite transformé en un ouvrage publié en 2021 et intitulé : Pourquoi notre cerveau a inventé le bien et le mal. Son approche de la biologie des comportements adopte donc, comme la mienne, une forte perspective évolutive. Comment pourrait-il en être autrement, si l’on se rappelle la célèbre citation du biologiste et généticien Theodosius Dobzhansky qui disait  » Rien n’a de sens en biologie, sauf à la lumière de l’évolution « .

La « psycho évo », c’est donc simplement cette manière d’essayer de comprendre la psychologie, et donc les comportements humains, en considérant la longue histoire des pressions sélectives qui a façonné notre cerveau pour nous permettre de mieux survivre. Bien que c’est un champ d’étude riche et complexe de par les innombrables facteurs qui ont pu nous rendre mieux adaptés à certains environnements (qui souvent ne sont plus les mêmes aujourd’hui), c’est une discipline qui a subi au fil du temps toutes sortes de critiques parfois assez virulentes. Et je dirais, comme Debove, que plusieurs d’entre elles découlent d’une confusion entre deux choses bien différentes : ce qui est (biologiquement), et ce qui devrait être (socialement ou politiquement). Autrement dit, la psycho évo met souvent en évidence un écart entre des traits de caractère humain qu’on aimerait mieux ne pas avoir (comme un vieux fond xénophobe devant des gens culturellement éloignés de nous) et des vertus humaines qu’on appelle de nos vœux (comme l’abolition du racisme).

Debove passe d’ailleurs plusieurs de ses nombreuses vidéos à clarifier tout ça, ce qui est tout à son honneur car ce sont des débats qui peuvent devenir vite émotifs et stériles si on ne prend pas le temps de bien exposer ce que la science dit sur le sujet, et ce qu’elle ne dit pas, ou ne peut pas dire (vers où aller collectivement, par exemple). Mais elle peut nous informer des prédispositions biologiques, cérébrales, et donc comportementales, de notre lointain passé du genre Homo, et même de primate et de mammifère. Et comme je le rappelle à de nombreuses occasions dans mon livre, ce n’est pas en ignorant ces faits qu’on va réussir à en faire autre chose, mais bien en les identifiant qu’on pourra les contourner et s’en servir à meilleur escient.

Voilà pourquoi sans doute l’animateur de Homo Fabulus a eu ces bons mots sur mon bouquin, à la 38e minute d’un épisode sorti il y a deux mois :

« C’est une très bonne introduction aux sciences cognitives, inspirée du site web du même nom sur lequel j’allais parfois m’informer quand j’étais étudiant. Ce qui est sympa avec ce livre, c’est que comme son nom l’indique, il aborde les explications du comportement à différents niveaux, du cellulaire au culturel, et qu’il adopte la forme du dialogue entre deux personnes, l’une naïve et l’autre experte, pour vulgariser ce sujet. Ça le rend vivant et très facile à lire.

Autre particularité mais qui ne plaira peut-être pas à tout le monde, il parle pas mal de politique. En fait, je pense qu’on peut même le résumer comme la discussion autour d’une bière de deux gauchistes fans d’Henri Laborit. Et même si je n’adhérerais pas à tout ce qui se dit sur ces aspects politiques, j’aime bien faire de la pub à cette gauche qui n’a pas peur de la biologie du comportement et qui, contrairement à celle qu’on vient de voir, pense qu’il est important de regarder l’humain dans les yeux, même si ce qu’on y voit ne nous plaît pas toujours. »

(suite…)

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