lundi, 19 août 2013
Démystification des personnalités «cerveau gauche» et «cerveau droit»
On peut lire fréquemment que certaines de nos fonctions cérébrales sont latéralisées. L’hémisphère gauche étant par exemple plus impliqué dans le langage et le droit dans le traitement des informations visuospatiales. On entend aussi souvent dire que certaines personnes sont du type « hémisphère gauche », sous-entendant par là qu’elles ont un caractère analytique, logique et centrée sur les détails, alors que d’autres seraient du type « hémisphère droit », c’est-à-dire qu’elles auraient une pensée plus subjective, globale ou créative.
Or selon une étude publiée le 14 août 2013 dans la revue Plos One, si de nombreuses données appuient la première affirmation, la seconde relèverait tout simplement du mythe. En effet, l’observation du cerveau au repos de 1011 individus avec une technique de résonnance magnétique fonctionnelle permettant d’analyser la connectivité cérébrale n’a pas permis de voir une plus grande connectivité dans un hémisphère ou dans l’autre pour des individus donnés.
Jeff Anderson, l’auteur principal de l’article, rappelle que l’on peut aisément observer chez la plupart des droitiers une plus forte activation de régions cérébrales de l’hémisphère gauche quand on présente au sujet un stimulus relié au langage (bien que des régions de l’hémisphère droit soient aussi activées par certains aspects du langage, comme l’intonation). De même, un stimulus de nature visuospatiale activera davantage d’aires cérébrales dans l’hémisphère droit. Mais pour lui, les données qu’il vient de publier n’appuient pas la distinction cerveau gauche / cerveau droit souvent citée dans la culture populaire.
En subdivisant les cerveaux en plus de 7000 sous-régions, l’analyse statistique des corrélations d’activité entre ces régions a plutôt permis de caractériser 9 réseaux richement interconnectées dans l’hémisphère gauche et 11 dans l’hémisphère droit. Ceux de l’hémisphère gauche incluent des régions du réseau du mode par défaut et des aires du langage, tandis que ceux de l’hémisphère droit comprennent par exemple des régions impliquées dans le réseau de contrôle de l’attention.
L’étude montre donc clairement des réseaux de neurones indépendants qui sont latéralisés dans notre cerveau, mais aucune tendance chez des individus particuliers à démontrer une plus forte latéralisation globale de l’un ou l’autre des hémisphères en termes de connectivité cérébrale. Il semblerait donc que si les traits de personnalités traditionnellement associés aux gens « cerveau gauche » ou « cerveau droit », s’ils constituent réellement un ensemble cohérent, devront trouver leur base neuronale à une échelle plus fine que celle de nos deux hémisphères.
Researchers Debunk Myth of“Right-Brained” and “Left-Brained” Personality Traits
An Evaluation of the Left-Brain vs. Right-Brain Hypothesis with Resting State Functional Connectivity Magnetic Resonance Imaging
Why The Left-Brain Right-Brain Myth Will Probably Never Die
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