lundi, 11 septembre 2017
Ma série de cours résumée dans ce blogue les 8 prochaines semaines
Pour les deux prochains mois à partir de la semaine prochaine, je vous propose un format un peu différent pour ces billets de bogue du lundi que je publierai… le mardi ! Explication du pourquoi et du comment…
Le pourquoi, c’est que je donnerai à partir de la semaine prochaine ma série de 8 cours de 2h15 environ dans deux universités du troisième âge (UTA) de la région de Montréal, celle de Longueuil et celle de St-Bruno. Ma journée du lundi et celle du mercredi seront donc en grande partie consacrées à ce cours, ce qui ne me permettra pas d’écrire mon billet le lundi comme à mon habitude depuis bientôt 7 ans. Je me suis donc dit que je l’écrirais le mardi. Mais je me connais : je voudrai plutôt améliorer les choses qui ont moins bien passées dans mon cours de la veille pour mon cours du lendemain, tenir compte de certaines questions des gens, etc. Bref, je ne serai pas en mesure de bien résumer des articles scientifiques récemment parus parce que j’aurai la tête ailleurs. Que faire alors ?
Eh bien écrire sur ce que j’aurai alors en tête ! Et comment le faire ? En vous donnant, entre la première et la deuxième version de chacun de mes 8 cours, peut-être pas un résumé du sujet traité, comme j’avais tenté de la faire pour les 14 séances de mon cours de l’automne dernier à l’UQAM avec des billets plutôt costauds, mais faire ressortir un point ou deux qui me semble essentiel par rapport au thème de la semaine. Et peut-être aussi en profiter pour rapporter de bonnes questions posées par les gens qui suivent le cours et mes pistes de réponses.
J’ai modifié plusieurs de ces 8 cours récemment à la lumière entre autres de mes lectures estivales et crois commencer à arriver à un enchaînement qui retrace les grands moments de l’évolution du cerveau humain du Big Bang aux apports des sciences cognitives à l’éducation ou à la philosophie. Ce que j’essaie de faire se rapproche donc un peu de ce qu’on appelle la Big History qui insiste sur les liens entre l’évolution cosmique, chimique, biologique et culturelle pour tenter d’expliquer le phénomène humain dans son ensemble. Vaste programme, pour dire le moins… Mais c’est le privilège de n’être contraint par aucun programme académique que de pouvoir s’essayer à cette exigeante mais ô combien enivrante aventure. Tout cela, bien sûr, grâce à votre soutien indéfectible et vos demandes de conférences qui me permettent d’être rémunéré pour poursuivre ce travail… 😉 Donc en passant un grand merci pour votre participation et pour faire connaître ce travail (et mes offres de conférences) autour de vous !
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Afin de vous donner un avant-goût de ce qui s’en vient, je vous retranscris ici quelques réflexions que m’avaient inspirées les commentaires que m’avait envoyé Frank Chauvallon, l’un des organisateurs de ma conférence Skype sur Henri Laborit en juin dernier. Ceux-ci lui avaient été inspirés par les livres de Yuval Noah Harari (Sapiens, Homo Deus…) que je n’ai malheureusement pas lu outre les quelques extraits que Frank m’avait envoyés (Frank que je remercie encore ici pour le stimulant échange). Néanmoins, en relisant certains passages de mes réactions à ces extraits, je trouve qu’ils présentent d’une certaine façon assez bien quelques grandes idées de ma série de cours, et donc je vous les livres ici en vrac, un peu sous la forme des billets qui s’en viennent pour les 8 prochaines semaines.
« [Avec ce que j’ai lu dans ces extraits, j’ai l’impression qu’il ramène un peu notre compréhension du cerveau] à de l’influx nerveux que s’échangent des neurones. Comme si on ramenait la complexité de la circulation automobile dans une ville à des roues qui tournent ou des pistons qui montent et descendent. Rien sur les oscillations et la synchronisation d’activité capable d’amener la formation de réseaux transitoires qui sont pourtant le langage dynamique du cerveau à un niveau suffisamment élevé pour qu’on puisse commencer à faire des parallèles avec la pensée et les émotions (« pensée » et « émotion » qui sont d’ailleurs pour moi encore des étiquettes verbales qui réifient les choses et qui nous donnent l’impression qu’on est en face de deux phénomènes de nature différente, alors que je crois pas que ce soit le cas).
Et donc cela nous positionne déjà très loin de ce qui nous intéresse véritablement ici, à savoir le « cerveau-corps-environnement ». [Car] il y a tellement de voies de communication entre le cerveau et le corps dans le deux sens, que toute distinction ne peut être que langagière. C’est une seule et même chose. Penser le cerveau sans le corps n’a tout simplement pas de sens. On admet par exemple aujourd’hui qu’à peu près toutes les hormones ont des récepteurs sur des neurones dans le cerveau, et que la majorité des neurotransmetteurs sont excrétés aussi dans la circulation sanguine et affectent des cellules partout dans le corps (on parle d’ailleurs de « neuro-hormone » pour attirer l’attention sur ce phénomène). […]
Quant à ce qu’on appelle l’environnement, il y depuis au moins 20 ans en sciences cognitives de gros débats sur la nature « étendue » de notre cognition qui « fuit » littéralement dans cet « environnement » qui, du coup, n’y est plus si extérieur que ça (ça commence avec l’exemple banal d’une multiplication avec retenue qu’on fait sur une feuille, à nos smartphones, mais ça peut aller bien plus loin que ça…). Et pour les humains, ça renvoie immédiatement à cette « attention conjointe » dont nous sommes capables et qui nous permet, comme le disait Varela et Maturana de « langager », c’est-à-dire d’avoir recours à ce type de comportement particulièrement abstrait pour coordonner des actions.
[Quant au] problème […] de la subjectivité / conscience / feeling / hard problem, etc. (tous plus ou moins la même chose) [qui pour le peu que j’ai lu d’Harari lui] semble irrésoluble par la science […] du « cerveau qui ne fait que transmettre des influx nerveux, [je] crois au contraire qu’on peut faire l’hypothèse qu’il y a des effets de seuil et de propriétés émergentes. Et que, comme l’article le laisse sous-entendre à un moment donné, il pourrait y avoir seulement des « dispositions » physiques sans aucun aspect « intrinsèque » dans les échelons les plus bas de la matière, et puis ensuite, avec la croissance de la complexité (d’abord l’apparition de la vie, puis des systèmes nerveux), il pourrait y avoir suffisamment « d’information » qui circule (d’information circulante, dirait Laborit !), pour que sont « intégration » (whatever that means… et il y a des débats là-dessus), fasse émerger des phénomènes conscients (avec des effets de seuil comme les décrit Damasio par exemple avec sa proto-conscience, sa conscience noyau, sa conscience de soi, etc. (toutes très liées aux émotions, car liées aussi au corps entier)). »
Bon, c’est un peu brouillon j’en conviens, mais j’espère que ça donne le goût de revenir durant les 8 prochaines semaines pour avoir une progression un peu plus ordonnée de tout ça !
Du simple au complexe | Comments Closed