lundi, 12 novembre 2012
Les cellules gliales sont aussi sensibles à notre environnement
Longtemps considérées comme du simple « remplissage » entre les neurones, puis comme ayant essentiellement des fonctions nutritives, les cellules gliales s’avèrent années après années de plus en plus complexes. Des études récentes viennent par exemple de montrer leur rôle dans la plasticité cérébrale et son altération dans des situations d’isolement social.
De plus en plus de travaux indiquent que les enfants qui ont souffert de négligence sévère et d’isolement social montrent, une fois adulte, des faiblesses cognitives et sociales. Deux groupes de recherche ont donc recréé ces conditions défavorables chez le bébé souris en l’isolant pendant plusieurs semaines.
Ce qu’ils ont observé est pour le moins étonnant : les oligodendrocytes, ces cellules gliales qui forment la gaine de myéline qui entoure les axones des neurones pour en accélérer la conduction nerveuse, produisent alors beaucoup moins de cette couche graisseuse isolante essentielle au bon fonctionnement des neurones.
Cela veut dire que les neurones ne sont pas les seuls à pouvoir être modifiés par l’environnement et que cette plasticité s’étend également aux oligodendrocytes. Une voie métabolique impliquant la production d’une protéine essentielle au bon développement du cerveau, la neureguline-1 (NRG1) et son récepteur ErbB3, a même été identifiée comme étant impliquée dans cette baisse de production de la myéline.
Une baisse présente dans le cortex préfrontal, une région du cerveau très impliquée dans le contrôle des émotions et les capacités cognitives de haut niveau. L’une des études note d’ailleurs que ces changements dans la myélinisation du cortex sont observés dans certains troubles psychiatriques comme la dépession.
Et une autre étude montre que, comparé au chimpanzé, le développement des gaines de myéline dans le cortex humain se fait plus lentement et s’accompagne d’une période de maturité beaucoup plus tardive qui va au-delà de l’adolescence jusqu’au début de l’âge adulte. Ce délai de maturation de la myéline lié à l’émergence de fonctions cognitives spécifiquement humaines aurait cependant sa contrepartie : il s’agirait d’une période de vulnérabilité dont cette plasticité des cellules gliales commence à nous fournir les mécanismes.
Comme quoi les cellules gliales sont peut-être moins nombreuses qu’on le croyait, mais certainement plus importantes aussi…
How Early Social Deprivation Impairs Long-Term Cognitive Function
A Critical Period for Social Experience–Dependent Oligodendrocyte Maturation and Myelination
New Form of Brain Plasticity: How Social Isolation Disrupts Myelin Production
Impaired adult myelination in the prefrontal cortex of socially isolated mice
Human Brains Develop Wiring Slowly, Differing from Chimpanzees
Prolonged myelination in human neocortical evolution
Au coeur de la mémoire, Du simple au complexe | Comments Closed