lundi, 6 novembre 2023
Journal de bord de Notre cerveau à tous les niveaux : quand relire ton propre livre t’apprend des choses
Je fais aujourd’hui un autre billet un peu spontané dans ce « journal de bord » que je tiens depuis janvier 2022 sur le livre que j’ai écrit et qui sera publié aux éditions Écosociété dans moins d’un an, comme je l’annonçais la semaine dernière. Mon temps est donc partagé entre la relecture attentive du bouquin dont je dois « lisser » encore certains aspects (notamment pour ce qui est du niveau de langage… autre indice sur sa forme…) et les conférences qui ont repris environ une fois par semaine pour tenter de survivre jusqu’à la sortie du livre ! C’est ainsi que demain je serai Repentigny pour parler de « L’être humain, un drôle d’animal », une présentation un peu fourre-tout que j’ai faite et remaniée plusieurs fois au gré de l’inspiration du moment (car je ne fais jamais deux fois exactement la même présentation, détestant avoir l’impression d’être une machine à répéter les mêmes choses…). Pour demain, par exemple, je crois que ma relecture actuelle du livre viendra teinter fortement ma présentation. Et je vais tenter de dire pourquoi dans les lignes qui suivent.
Car mon niveau de relecture actuel me permettant de parcourir un chapitre en deux ou trois jours, cela me fait « pogner de quoi », si vous me passer l’expression bien québécoise, que je n’avais pas « pogné » avant ! Je m’explique. Durant la première année d’écriture, je passais environ un mois à créer un chapitre. Douze chapitres, douze mois : c’était pas prévu, mais c’est ce que ça a donné. L’année suivante, regardant tout ça, j’ai trouvé le bouquin prometteur mais pas bon… Alors j’ai tout rafistolé… en douze mois… pour douze chapitres ! À ce moment-là donc, quand je fignolais un passage, que je trouvais un exemple ou une étude pour étayer un propos, ou que je retravaillais une transition entre deux sections pour la rendre plus fluide, je faisais de mon mieux. Et à la fin du mois, je relisais tout ça et je trouvais ça généralement meilleur.
Mais j’ai très peu eu l’occasion de relire dans un délai raisonnable l’ensemble des douze chapitres avant début 2023. Ma relecture de ce qu’on appelait la version 4 à ce moment-là je crois a alors commencé à produire sur moi-même un effet particulier. Comme je mettais à ce moment-là environ une semaine de travail par chapitre, j’ai eu pour la première fois un feeling de mon enchaînement du Big Bang à la conscience de soi, puisque c’est bien le large spectre couvert par le bouquin ! Chaque chapitre était encore assez frais dans ma mémoire un mois ou deux après sa lecture pour pouvoir encore sentir comment il pouvait être relié aux autres qui le précédaient et allaient le suivre, dans mon approche du simple (et plus ancien, évolutivement parlant) au plus complexe (et donc plus évolutivement récent) qui est toujours mon approche de prédilection. Et je dois dire que ça faisait du bien de ressentir réellement moi-même pour la première fois alors la cohérence de ma propre démarche !
Je vous passe l’été où la version d’alors, la 6e, a été envoyée en lecture externe à une quinzaine de personnes. Le projet ayant au fil des ans pris une ampleur imprévue, il fallait nous rassurer sur sa pertinence, tant au niveau de la forme et du fond, avant de se lancer dans le sprint final de sa production complète cette année. Ce qui fut fait, et bien fait… 😉 J’en remercie encore toutes les personnes qui ont pris de leur précieux temps pour nous donner ce feedback nécessaire. Et donc j’en arrive au début de l’automne, et à ma relecture actuelle qui est en train de faire passer le livre de sa version 7 à sa version 8. Et là, j’ai vraiment, mais vraiment du fun ! 😉 Parce que je peux (enfin !) lire de nombreuses pages sans rien changer ou presque. En tout cas sur le fond, parce qu’au niveau des formulations de phrase, il y a tellement de degrés de liberté à ce niveau-là avec le langage qu’à chaque relecture on aurait le goût de dire les choses légèrement autrement.
Je ne pensais pas rentrer tant que ça dans l’histoire de l’écriture et des versions avec vous aujourd’hui. Mais vous savez ce que c’est l’écriture : on sait où ça commence, mais rarement où ça va nous mener ! Je voulais en effet vous parler de certaines transitions entre les niveaux d’organisation du vivant et de notre cerveau, et jusqu’à nos cultures et institutions sociales, que je redécouvre actuellement en parcourant plus rapidement le livre. Un constat fort agréable pour moi que de voir germer toutes ces petites graines que j’ai semées au fil des mois, et surtout de les voir, comme certaines plantes, tisser leur rhizome sous-terrain (et souvent inconscient chez l’humain), et même leurs stolons à la surface du sol (et de notre conscience…) comme les fraisiers. Et si cette expérience pourra être ressentie par les lecteurs et lectrices, je serai la personne la plus heureuse du monde.
Pour l’instant, il se fait tard, et je n’ai pas trouvé le moyen de parler concrètement de ces liens entre les niveaux comme je voulais le faire ce matin. Mais qu’à cela ne tienne, je vais faire un deal avec vous. Je vous laisse ici pour aujourd’hui pour aller préparer ma conférence de demain; j’y ajoute certains de ces éléments dont je voulais vous parler; et je vous reviens avec tout ça la semaine prochaine !
Du simple au complexe | Pas de commentaires